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Mode de scrutin: l’opposition fait front commun à l’Assemblée nationale

L'Assemblée nationale du Québec

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Patrice Bergeron, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Les élections du 1er octobre au Québec pourraient bien être les dernières à se tenir avec le mode de scrutin actuel uninominal à un tour: les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont signé une entente, mercredi, par laquelle ils s’engagent à le changer si l’un ou l’autre prend le pouvoir.

Autant le Parti québécois (PQ), la Coalition avenir Québec (CAQ) que Québec solidaire (QS) ont convenu de mettre sur pied un mode de scrutin proportionnel mixte, même si les libéraux s’y opposent.

Le front commun veut par cette réforme redonner aux Québécois la confiance en leurs institutions et empêcher les distorsions engendrées par le système actuel. À titre d’exemple, le PLQ a obtenu 41,5 pour cent des voix en 2014, mais 56 pour cent des sièges en Chambre, tandis que les trois partis d’opposition ont récolté au total 56 pour cent des voix, pour 44 pour cent des sièges.

Pour une rare fois, les trois chefs, Jean-François Lisée, François Legault et le porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois, ont pris part à une conférence de presse ensemble au parlement pour présenter leur position commune et signer le document. Le chef du Parti vert, Alex Tyrrel, a également signé.

Si l’un de ces partis forme le gouvernement, il s’engage à déposer un projet de loi de réforme du mode de scrutin dans la première année de son mandat et le faire adopter avec le plus large appui possible en Chambre, pour qu’en 2022 le nouveau système soit en place.

En vertu de ce nouveau mode de scrutin, il y aurait donc toujours une majorité de députés qui seraient élus dans des circonscriptions, mais il y aurait également des candidats proposés par les partis sur des listes régionales, élus en fonction du pourcentage des votes obtenu par chacune des formations, c’est-à-dire selon le mode proportionnel.

«Nous ne sommes plus en bipartisme, nous sommes en multipartisme et il faut donc adapter notre système politique, a déclaré M. Lisée. Nous allons faire en sorte que l’élection de 2018 soit la dernière qui déçoive.»

«Mon principal adversaire, c’est le cynisme, a pour sa part lancé le chef caquiste François Legault. (…) Le mode de scrutin proportionnel mixte aide à ce qu’on travaille davantage ensemble, pour qu’il n’y ait pas un gouvernement élu par une minorité qui prenne des décisions pour une majorité.»

Quant aux modalités, sur le nombre total de députés, leur proportion en circonscriptions et sur la liste, le front commun n’est pas au diapason. Le PQ envisage un système où 78 députés seraient élus selon les contours approximatifs de la carte électorale fédérale, et 47 en vertu des listes régionales proportionnelles, mais le chef caquiste François Legault a soutenu que cela reste «à examiner», tandis que QS serait même prêt à augmenter le nombre d’élus à l’Assemblée au-delà des 125 actuels.

Néanmoins, chacun des partis s’engage à faire adopter la réforme avec la plus large assise possible en Chambre, même sans avoir l’unanimité, contrairement à la tradition qui veut qu’on change les règles démocratiques au Québec avec l’appui de tous les partis. Les libéraux ont jusqu’à maintenant manifesté leur préférence pour le statu quo, même s’ils ont été invités à joindre le mouvement.

«Il ne serait pas légitime qu’un seul parti politique impose un mode de scrutin, je ne pense pas qu’il serait plus légitime qu’un seul parti bloque une réforme du mode de scrutin qui est désirée par la majorité de la population», a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois.

Le gouvernement Couillard a peu après riposté en faisant valoir qu’un éventuel nouveau système cause un «préjudice profond aux régions». Entourée de plusieurs députés libéraux, la ministre responsable de la réforme des institutions démocratiques, Kathleen Weil, a dit que plusieurs questions se posaient, quant au rôle qu’auraient les élus issus des listes régionales, à qui l’électeur s’adresse-t-il, etc.

«Les oppositions doivent être claires, doivent aller sur le terrain, auprès des maires, des préfets, des citoyens et leur dire clairement si leur comté sera aboli», a lancé Mme Weil.

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