OTTAWA — La députée néo-démocrate Christine Moore a tenu un point de presse dans sa circonscription, à Rouyn-Noranda, lundi après-midi, où elle a répété la version des faits qu’elle avait racontée à La Presse canadienne la semaine dernière.
La députée, visée par des allégations d’inconduite sexuelle, a assuré que c’est une relation amoureuse de quatre mois qu’elle a eue avec un ancien militaire en 2013. Glen Kirkland, lui, allègue qu’elle a abusé de son autorité pour avoir une relation sexuelle avec lui.
Si elle est apparue seule devant les caméras, Mme Moore a manifestement du soutien légal et partisan.
Conseillée par un avocat, la députée a annoncé son intention de poursuivre l’homme et trois chroniqueurs de journaux qui ont rapporté ces allégations.
«Ils vont tous avoir l’opportunité de se rétracter, de présenter des excuses. Mais ils vont aussi devoir répondre devant la cour pour leurs fautes. Je vais entreprendre les recours appropriés, sans gaieté de coeur mais plutôt parce qu’on ne m’a laissé aucun choix», a-t-elle dit, lisant une déclaration qu’elle avait déjà livrée à La Presse canadienne.
Elle a tenu à remercier «tous mes collègues en Chambre qui m’appuient dans ma démarche», laissant bien entendre qu’elle n’est pas seule dans son combat.
La semaine dernière, c’est la direction des communications du caucus néo-démocrate qui a organisé la sortie médiatique de la députée, sortie qui a été suivie d’une déclaration du chef.
«Il y a des contradictions très nettes entre le compte rendu de M. Kirkland et celui de Mme Moore; voilà pourquoi il est si important d’avoir une enquête équilibrée et impartiale sur les allégations qui sont faites», a écrit Jagmeet Singh dans cette déclaration.
«Le processus de sélection d’une personne qualifiée pour mener l’enquête sans tarder est déjà en cours et devrait être terminé incessamment», a-t-il promis.
M. Singh a suspendu la députée des comités parlementaires et de tout rôle de porte-parole du parti, en attendant l’issue de cette enquête.
«Devant l’ampleur des allégations, je crois que M. Singh n’avait pas le choix de faire ce qu’il a fait et que c’était approprié de le faire», a dit Mme Moore, conciliante, en réponse aux quelques questions qu’elle a accepté de prendre à sa conférence de presse à Rouyn-Noranda.
Elle a promis de collaborer à l’éventuelle enquête, tout en laissant entendre que M. Kirkland pourrait ne pas en faire autant.
«À ce moment-ici, on n’a pas confirmé si l’autre partie allait participer à l’enquête», a-t-elle offert. M. Singh, lui, a dit s’attendre à ce que les «deux parties collaboreront de bonne foi avec la personne chargée de l’enquête».
La semaine dernière, M. Kirkland s’est montré plutôt réticent lorsqu’il a été joint par La Presse canadienne, répétant à plusieurs reprises qu’il n’avait pas porté plainte et qu’il n’était pas intéressé à discuter de cette affaire.
Il a toutefois maintenu sa version de la rencontre avec la députée, en juin 2013.
Lorsqu’il a été invité à corroborer ou infirmer certains détails, il s’est impatienté. Cherchant à expliquer pourquoi il a accueilli Mme Moore lorsqu’elle l’a rejoint en Saskatchewan en juillet de cette année-là, il a dit qu’il n’avait pas le choix. «Qu’est-ce que je pouvais faire une fois qu’elle était là? J’étais bien obligé de jouer le jeu», a-t-il lâché avant de raccrocher le téléphone.
La députée Moore veut que les résultats de l’enquête soient rendus publics et a bien l’intention de réintégrer toutes ses fonctions au sein de son parti.