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Des saules pour décontaminer des sites industriels

Willow leaves close up. Nature background

Morgan Lowrie - La Presse canadienne

MONTRÉAL — Un ancien terrain industriel contaminé a été transformé en jardin dans le secteur de Pointe-aux-Trembles à Montréal, où des scientifiques tentent de nettoyer le sol en plantant des saules.

Alors que les branches des saules se balancent au gré du vent, le nouvel espace vert se fait plutôt accueillant tout en nettoyant lentement des décennies de contamination industrielle.

Cette plantation de saules fait partie d’un projet de quatre ans mené par la Ville de Montréal et l’Université de Montréal qui vise la décontamination naturelle de terrains industriels abandonnés parce qu’ils sont jugés trop chers à redévelopper.

Selon Michel Labrecque, chef de la recherche et du développement scientifique à Espace pour la vie, les saules sont parfaits pour la décontamination en raison de leur résistance, de leur croissance rapide et de leur capacité à pousser même dans les pires conditions de sol.

Il explique avoir réussi à faire pousser des saules dans des endroits pollués où la terre était pauvre en matières organiques.

Le scientifique souligne que l’arbre absorbe bon nombre de polluants présents dans le sol et que ses racines décomposent les autres éléments chimiques grâce à la production de micro-organismes.

Ainsi, les contaminants qui se trouvaient dans le sol sont concentrés dans les feuilles et les branches du saule. Il suffit ensuite de couper les branches et de les incinérer.

D’après Michel Labrecque, cette méthode est plus efficace que la pratique traditionnelle d’excaver la terre contaminée, car on ne fait que déplacer le problème de contamination ailleurs, sans éliminer les polluants.

Par ailleurs, des chercheurs ont découvert que les saules ont aussi la capacité de décontaminer les eaux usées, allant même jusqu’à prétendre qu’ils pourraient remplacer les infrastructures de traitement dans certaines petites communautés.

Un projet à Saint-Roch-de-l’Achigan

Xavier Lachapelle-Trouillard, qui vient d’obtenir une maîtrise de l’École polytechnique de Montréal, travaille depuis 2016 sur un projet qui mise sur 150 hectares de marais où sont plantés des saules pour filtrer les eaux usées de Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière.

«Normalement, on traite les eaux usées, puis la matière organique comme l’azote et le phosphore, on considère ça comme des déchets dont on veut se débarrasser. L’idée derrière les plantations de saules et les marais filtrants, c’est de ne pas se débarrasser des nutriments, mais de les considérer comme une ressource et de les valoriser en fertilisant les saules», décrit-il.

Xavier Lachapelle-Trouillard résume la démarche en disant qu’il s’agit de prendre un déchet produit par la société pour le valoriser en quelque chose d’utile. Il avance même que la plantation pourrait éventuellement servir à produire des murs antibruit.

Il faudrait compter de 9 à 12 saules par citoyen pour traiter correctement les eaux usées. Saint-Roch-de-l’Achigan compte une population d’environ 5000 personnes.

Les deux scientifiques interrogés s’entendent sur le fait que les saules ont l’avantage d’être écologiques, de nécessiter peu d’entretien et d’être beaucoup moins coûteux que les autres méthodes de décontamination des sols ou de l’eau.

En contrepartie, il faut être patient et leur accorder beaucoup d’espace.

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