Vous vous souvenez, l’étude environnementale du mois de novembre dernier, à laquelle participaient plus de 15 000 scientifiques de 184 pays?
Ses conclusions faisaient froid (ou plutôt chaud) dans le dos: «Nous avons déclenché un phénomène d’extinction de masse, le sixième en 540 millions d’années environ, au terme duquel de nombreuses formes de vie pourraient disparaître totalement, ou en tout cas se trouver au bord de l’extinction d’ici la fin du siècle.»
Pas pire, non? En bref: «Non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés.» Conséquence? À moins d’embrayer, et très rapidement, il sera incessamment trop tard afin d’éviter l’inévitable. Avouez que tout cela est fort sympathique.
Vous en voulez une autre bonne? Selon un article d’Alexandre Shields, du Devoir, le Global Footprint Network conclut qu’il faudrait environ 1,7 planète Terre afin de satisfaire la demande humaine en termes de ressources. Conséquemment, dès aujourd’hui, l’ensemble de celles-ci produites pour l’année en cours seront déjà épuisées. Vivre à crédit, ainsi donc. Pour cinq mois. Hypothéquant encore un brin, si faire se peut, la capacité de notre caillou à se régénérer.
À titre comparatif, ce «jour du dépassement » était, au début des années 1970, le… 21 décembre. Dix jours à crédit contre 150. Quand même. Faut dire que nous étions à l’époque moins de la moitié d’humains sur Terre (3,7 milliards contre 7,6). Ça nuit, mettons. Idem pour son corollaire, la surconsommation. Selon Valérie Gramond, du Fonds mondial pour la nature, lequel est affilié au GFN: «On met à mal la capacité de la planète à se régénérer, [mouvement] qui s’est accéléré à cause de la surconsommation et du gaspillage.»
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Et l’empreinte écologique du Canada, grand leader vert, progressiste et donneur de leçons? Hé hé. Pure catastrophe. Du genre où, si le reste de l’humanité suivait notre «exemple», 4,7 planètes Terre seraient nécessaires afin d’absorber nos émissions et nous rassasier. Et notre «jour du dépassement»? Le… 18 mars. Presque à égalité figurent les États-Unis de Trump (15 mars). Beau modèle. De quoi être fier.
Solutions? Quelques-unes. Mais je vous laisse juger de leur réalisme: réduire 1) notre consommation de viande (i.e. 9% de l’empreinte écologique à l’échelle internationale); 2) l’empreinte humaine de carbone (genre de 50%); 3) le gaspillage alimentaire (soit 40% de la nourriture aux États-Unis!); 4) la croissance de la population mondiale (9 milliards d’humains en 2050).
Dans la bonne direction, selon vous? Mis à part l’ouverture de quelques restos vegan ici et là, je veux dire?
Et autre question, autant sinon plus primordiale: ça prendra quoi, au fait, afin de sonner le réveil collectif? Que les médias s’en chargent? Fort bien. Mais écrivez une chronique sur la fin de l’humanité, et il est assez clair que cette dernière sombrera dans l’indifférence la plus complète. Publiez plutôt un article avec une photo de hidjab ou de turban, et le compteur de Métro prendra feu. Quoi faire, donc? Sais pas. Attendre la fin, sourire niais aux lèvres? Faut croire.