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Un lien entre verglas et changements climatiques?

Les passants sont impressionnés par la chute de cet arbre d'une dizaine de mètres au parc La Fontaine. Photo: Hugo Metreau/Métro

L’épisode de verglas que connaît Montréal est-il lié aux changements climatiques? Métro a rencontré des experts pour en discuter.

«À 100%», nous affirme le professeur agrégée à l’université d’Ottawa et expert en climatologie Hossein Bonakdari. Il explique que le début du printemps est la période optimale pour la création de pluies verglaçantes, puisque l’air y est plus chaud alors que la température au sol est parfois encore froide, ce qui contribue à faire geler les précipitations.

Selon ses études, le Canada risque de connaître une augmentation faible ou moyenne de pluies verglaçantes si rien n’est fait pour limiter les émissions de carbone. «En réduisant les émissions, on réduit les risques», ajoute-t-il, que ce soit pour le verglas, les inondations ou les grandes tempêtes.

Il prévient que tout porte à croire que 2024 sera une année particulièrement difficile climatiquement parlant au Canada. Le courant d’air chaud surnommé «El Niño» fait son entrée de plus en plus profondément dans le continent et le climat est quant au professeur en période d’adaptation à ce changement, ce qui peut causer des évènements majeurs.

Une position remise en question

Pour Christopher McRay, spécialiste en pluies glaçante chez Ouranos, c’est plutôt le portrait inverse qui se dresse. Il prévoit que «le verglas va arriver moins souvent à l’avenir, car les températures nécessaires vont être moins souvent rencontrées».

Il explique que le sud du Québec, dont Montréal, se réchauffe et que la température au sol pourrait avoir l’effet de moins souvent permettre aux pluies de geler pour former un verglas.

«On s’attend à plus de précipitation en hiver, mais il y a beaucoup d’incertitude sur le type. Plus de pluie oui, mais le verglas ce n’est pas sûr», résume l’expert.

Selon lui, la zone à risque de verglas se déplace de plus en plus vers le Nord et menacera plutôt les autres régions du Québec. Cette position est remise en cause par la professeure en climat à l’Université du Québec à Montréal, Julie Mireille Thériault.

«Même s’il fait plus chaud, il fait encore assez froid pour voir du verglas», soutient-elle. Mme Thériault explique que la formation de la vallée du Saint-Laurent canalise les vents froids du Nord-Est, faisant en sorte que la zone propice au verglas touchera toujours la zone montréalaise même en se déplaçant vers le Nord.

L’urgence d’un système plus résilient

Qu’on connaisse plus d’épisodes de verglas ou non, nos experts s’entendent sur un point: il faut un système électrique plus résilient.

Bien qu’il pense que l’avenir nous réserve moins de verglas, M. McRay affirme que «d’autres phénomènes vont être pire dans le futur» comme les tempêtes.

M. Bondakari estime plutôt que des verglas plus forts sont à prévoir et que notre système électrique doit être adapté puisqu’il prend de plus en plus d’importance dans la société.

Rappelant qu’environ 5 G$ ont été perdus lors de la crise du verglas en 1998, il estime que «ça pourrait être quatre ou cinq fois plus avec l’âge de notre système».

Il presse les gouvernements de mettre en place des politiques à court terme plutôt que de se lancer dans les projets de plusieurs années; «il faut aller dans l’action, ce n’est pas le temps d’en parler».

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