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Les élections fédérales auront lieu dans 12 mois

Joan Bryden - La Presse Canadienne

OTTAWA — Dans douze mois, les Canadiens se prononceront sur le gouvernement Trudeau et décideront si son premier mandat doit être le dernier ou s’il mérite quatre années supplémentaires.

Alors que le compte à rebours d’un an avant les prochaines élections fédérales du 21 octobre 2019 commence, les libéraux de Justin Trudeau semblent en bonne position de remporter un deuxième mandat.

Mais il peut se passer beaucoup de choses en une année et celle-ci s’annonce particulièrement difficile pour les libéraux, assaillis par une brigade grandissante de premiers ministres conservateurs hostiles et déterminés à se faire une place dans le marathon pré-électoral de M. Trudeau.

Ils veulent notamment s’attaquer à la taxe sur le carbone — l’une des politiques phares du gouvernement Trudeau et le pilier central du plan libéral de lutte contre les changements climatiques.

C’est la prochaine grande question à l’ordre du jour du gouvernement et certains stratèges libéraux disent en privé que ce sera probablement l’un des enjeux centraux de la campagne électorale. Et c’est un combat qu’ils pensent pouvoir gagner.

Un récent sondage de la maison de sondages Angus Reid suggère qu’ils ont des raisons d’être optimistes.

Selon le coup de sonde, la moitié des électeurs libéraux «probables» — des sympathisants «mous» des partis de l’opposition que l’on peut persuader de soutenir le parti au pouvoir — sont d’accord avec M. Trudeau sur la nécessité d’une taxe sur le carbone. En raison de son opposition catégorique à la tarification du carbone, le chef conservateur Andrew Scheer risque de s’aliéner les conservateurs «mous».

En même temps, la moitié de ces libéraux probables appuient M. Trudeau dans sa volonté d’élargir l’oléoduc Trans Mountain, afin d’acheminer le bitume de sables bitumineux de l’Alberta sur les côtes de la Colombie-Britannique pour l’exporter vers l’étranger — le revers de la médaille du plan libéral sur le climat. Le premier ministre martèle qu’il peut protéger l’environnement, tout en assurant une croissance économique au pays.

Par conséquent, la ferme opposition du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh au projet d’oléoduc «est un handicap considérable» avec les sympathisants néo-démocrates «mous», a conclu la firme de sondage.

Trudeau en position de force
Dans l’ensemble, le sondage indique que plus de Canadiens sont ouverts à voter conservateur par rapport à n’importe quel autre parti mais, en même temps, ceux qui sont prêts à voter libéral sont les plus enthousiastes.

«Je dirais que pour le moment, si cela est géré consciencieusement et correctement, il semblerait que parmi les trois dirigeants, Justin Trudeau se dirige vers le prochain cycle électoral avec une position plus forte que ses homologues de l’opposition», a déclaré Shachi Kurl, directrice principale de l’Institut Angus Reid.

«La base de M. Trudeau est enflammée, enthousiasmée par son travail par sa performance en tant que chef.»

En revanche, M. Scheer et surtout M. Singh demeurent inconnus pour plusieurs électeurs.

Cela dit, le sondage révèle également que les libéraux sont vulnérables sur deux points en particulier: leur gestion de l’afflux de migrants irréguliers et leur incapacité à tenir la promesse de M. Trudeau de créer des déficits modestes et de rétablir l’équilibre budgétaire avant la fin du premier mandat.

Mme Kurl souligne que la prochaine campagne sera véritablement lancée au cours de l’été, au moment même où une autre vague de demandeurs d’asile pourrait affluer à la frontière canado-américaine.

«Chaque fois que les conservateurs parlent de cette question, c’est une question qui résonne dans tout le spectre politique», a-t-elle indiqué.

Plusieurs raisons d’être optimistes
Le politologue de l’Université de Waterloo, Emmett Macfarlane, rappelle toutefois que l’été pourrait être marqué par davantage d’incendies de forêt, d’inondations et de phénomènes météorologiques extrêmes, autant de symptômes du changement climatique. Et cela pourrait faire pencher la balance contre les conservateurs et leur stratégie consistant à s’allier avec des premiers ministres contre la taxe sur le carbone.

«Cela a autant de potentiel de se retourner contre eux que de réussir», a-t-il déclaré.

Pour le moment, M. Macfarlane estime que les libéraux ont «beaucoup de raisons d’être assez optimistes» dans cette année électorale.

L’économie, note-t-il, bat son plein, le chômage est à son plus bas niveau en quatre décennies et les électeurs ne congédient généralement pas un gouvernement dans ces circonstances — bien que les électeurs du Québec l’aient fait plus tôt ce mois-ci.

En outre, M. Macfarlane soupçonne que le gouvernement profitera du fait d’être sorti relativement indemne des négociations tumultueuses de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) avec le président américain Donald Trump.

Les stratèges libéraux prétendent que le premier ministre aura réalisé l’essentiel de ses promesses lorsqu’il sera en campagne – à quelques exceptions notables, telles que l’équilibre budgétaire et la réforme du système électoral.

Selon TrudeauMeter, une initiative citoyenne non partisane et collaborative qui tente de suivre les progrès accomplis par les libéraux pour tenir leurs promesses électorales, M. Trudeau a tenu 70 promesses, 68 sont en cours, 42 n’ont pas encore commencé et 41 ont été brisées.

Cependant, M. Trudeau se vante d’avoir apporté des changements véritablement importants au Canada en peu de temps: la légalisation de l’aide médicale à mourir, la légalisation du cannabis à des fins récréatives et la transformation du Sénat en une chambre plus indépendante et moins partisane. Il se félicite aussi d’avoir sorti 300 000 enfants de la pauvreté grâce à une Allocation canadienne pour enfants plus généreuse.

Et si tout déroule comme prévu quant à la taxe sur le carbone, le gouvernement aura jeté les bases pour bâtir une économie moins dépendante envers le carbone.

Selon M. Macfarlane, «ce gouvernement est généralement assez actif sur plusieurs grands dossiers», par rapport aux gouvernements Chrétien et Harper, qui privilégiaient une approche plus gestionnaire.

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