La mise à pied de 5000 employés de Bombardier à travers le monde, dont la moitié au Québec, était nécessaire pour la survie de l’entreprise, et ce, malgré les investissements publics, a affirmé le chroniqueur de La Presse Francis Vailles, lors de son passage sur le plateau de Tout le monde en parle dimanche.
«L’argent qu’on a mis dans Bombardier, ce n’est pas pour garder un plancher d’emplois, c’est pour que Bombardier survive», a lancé le chroniqueur de la section Affaires du quotidien, expliquant que l’entreprise devait faire des profits avant tout, car «en affaires, pour survivre il faut faire des profits. Pour faire des profits, il faut réduire ses coûts».
Vailles a également tenté de relativiser la perte du contrat de renouvellement de la flotte de trains du corridor Québec-Windsor de Via Rail, d’une valeur d’un milliard de dollars. «Bombardier a, pour ses trains, des carnets de commandes de 33G$US (43,6G$), ça vous donne un peu l’importance que ce contrat a pour l’entreprise.»
Le professeur titulaire à la faculté de droit de l’Université Laval, Richard Ouellet, a quant à lui tenté de faire la lumière sur les restrictions auxquelles devait faire face Bombardier lors de l’appel d’offres de la compagnie ferroviaire fédérale. «Via Rail n’avait pas le droit d’obliger à avoir du contenu local parce que c’est une société fédérale, et le gouvernement, dans les accords de libre-échange qu’il signe, ne se donne pas la possibilité de favoriser du contenu local dans les appels d’offres», a expliqué M. Ouellet.
Le professeur a voulu défendre l’investissement gouvernemental dans l’entreprise, estimant que les emplois de Bombardier ne se comparent pas à ceux chez Rona ou Saint-Hubert, deux «fleurons» de l’économie québécoise qui ont été vendus ces dernières années. «Si vous vendez Bombardier, vous pouvez vous imaginer que ces emplois là, vous ne les retrouverez pas», a-t-il affirmé, avant d’enchaîner sur une critique de la gestion de l’entreprise aéronautique. «Quand on investit, on s’attend à ce que les emplois restent et qu’ils soient solides, et ça, Bombardier n’a pas encore réussi à le faire. J’imagine que ce n’est qu’une question de temps», a lancé M. Ouellet.
«Les gens s’offusquent qu’on mette des gens à pied alors qu’on a donné l’argent à Bombardier. L’argent qu’on a mis dans Bombardier, c’est pas pour garder un plancher d’emplois, c’est pour que Bombardier survive.» – Francis Vailles, chroniqueur Affaires à La Presse
Vailles s’est également vidé le cœur à propos de la rémunération des dirigeants de Bombardier, notamment contre les options d’achat d’actions. «Puisque le titre a augmenté beaucoup, même si la compagnie ne fait pas de profits, les dirigeants de Bombardier en ont eu pour 65M$. Ils ont demandé d’exercer leurs options, a analysé Francis Vailles. Sauf qu’un mois plus tard, l’action a perdu les deux-tiers de sa valeur. Il n’y pas eu de création de valeur, mais ils ont quand même réussi à empocher ça.»
Francis Vailles a aussi défendu l’investissement de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans les avions CSeries, produits par Bombardier mais acquis l’année dernière par le géant aéronautique Airbus. «Airbus pourrait faire décoller et donner de la valeur à la moitié de la CSeries qu’on n’a pas donnée. Si elle décolle et que Bombardier la revend (il est obligé de la revendre à Airbus dans quelques années), c’est là que ça va être payant», a insisté Francis Vailles.