MONTRÉAL — Après avoir fait les manchettes à plusieurs reprises en 2018, Bombardier pourrait être au coeur de l’actualité économique encore cette année, mais cette fois, pour de meilleures raisons, estiment des experts.
Si l’entreprise québécoise a souvent fait parler d’elle de manière négative au cours des derniers mois — prise de contrôle de la C Series par Airbus, salaires élevés de ses dirigeants, controverses entourant ses subventions gouvernementales —, l’année a toutefois pris fin sur une note positive, qui pourrait se poursuivre en 2019.
Selon Louis Hébert, professeur à HEC-Montréal, l’année s’est effectivement terminée sur «une belle lancée» pour Bombardier avec la mise en service, en décembre, de ses avions d’affaires Global 7500, dont tous les exemplaires sont vendus jusqu’en 2022.
Le professeur Mehran Ebrahimi, du département de management et technologie de l’UQAM, abonde dans son sens, estimant qu’avec le Global 7500, «Bombardier vient détrôner les appareils Gulfstream Aerospace».
«La technologie de cet avion-là est tellement avancée que même ses concurrents vont prendre plusieurs années avant de rattraper le progrès fait», affirme M. Ebrahimi.
La multinationale vise des revenus annuels de 8,5 milliards $US d’ici 2020, tirés en grande partie par les ventes mondiales du Global 7500. Ce modèle, ainsi que les nouveaux Global 5500 et 6500, sont en mesure de concurrencer les produits de Gulfstream Aerospace, le fabricant rival américain de jets d’affaires, alors que la demande pour les avions de ligne continue de croître.
M. Ebrahimi reconnaît que Bombardier «n’a pas réussi à faire de la C Series un succès commercial, malgré la réussite technologique du programme», mais il espère voir cette «période noire» s’estomper en 2019.
M. Hébert croit pour sa part que 2019 marquera «une année de relance» pour le constructeur d’avions et de trains québécois — dont l’image a selon lui été injustement ternie.
«Contrairement à ce qu’on pense, Bombardier n’est pas si subventionné que ça», avance-t-il.
Il va encore plus loin, affirmant que l’entreprise serait même désavantagée par rapport à ses concurrents.
«Regardez par exemple le nombre de milliards d’euros que l’État français a investi dans Alstom, illustre-t-il. Siemens qui a survécu au pire scandale de corruption qui puisse exister parce qu’ils ont été protégés par l’État allemand; Boeing qui profite du militaire pour subventionner ses avions civils; la même chose du côté d’Airbus; Embraer qui a toujours été soutenu par l’État brésilien.»
«Le cas Bombardier est loin d’être hors de l’ordinaire», souligne-t-il.
Le programme stratégique d’Alain Bellemare sera aussi à surveiller en 2019, ajoute M. Ebrahimi.