Ça s’appelle le «race-shifting», ou les faux autochtones. Des personnes qui ont vécu toute leur vie en tant que Blancs se découvrent une nouvelle identité suite à un test d’ADN ou une légende familiale d’une arrière-grand-mère autochtone.
Des personnes auparavant affiliées à des groupes d’extrême droite qui veulent exploiter les ressources allouées aux autochtones. Des chercheurs blancs qui se découvrent autochtones à mesure que leurs recherches avancent. Des étudiants qui veulent des bourses ou des personnes qui ne veulent plus être blanches. Toutes les excuses sont bonnes pour s’inventer autochtone, selon le chercheur Darryl Leroux.
Selon lui, il y a aurait plus de 200 000 personnes qui s’autodéclarent autochtones au Canada et aux États-Unis. Mardi soir, il a lancé le livre Distorted Descent: White Claims of Indigenous Identity. Au total, il a répertorié 33 organisations québécoises de faux autochtones.
Depuis 2003, des dizaines de milliers de personnes qui s’identifiaient comme «Blancs» se déclarent maintenant «Métis», explique-t-il.
Selon l’organisme Mikana, le terme «Métis» peut porter à confusion, car il peut être confondu avec l’adjectif métis ou «être métissé». Métis avec un grand «M» est une nation qui a été créée par le mélange des personnes françaises et autochtones dans l’Ouest canadien.
Selon Darryl Leroux, c’est précisément sur cette confusion que se basent les «fautochtones» pour se déclarer «Métis».
«Mon arrière-arrière grand-mère…»
La chercheuse Kim Tallbear a écrit un livre sur l’appropriation de l’identité autochtone. Elle explique que l’identité autochtone n’est pas seulement dans les gênes. Elle est aussi dans l’expérience vécue, la connaissance de la culture et les liens avec la communauté.
«Les gens veulent le privilège d’être autochtones sans avoir à faire face au racisme anti-autochtone, au traumatisme intergénérationnel des pensionnats. […] Ils ne veulent que porter les plumes et se sentir nobles au lieu de se sentir complices par rapport au vol de territoires et ressources autochtones.» – Kim Tallbear
Selon elle, le phénomène des autochtones autoproclamés n’est pas nouveau.
«C’est tellement courant qu’il y a même des t-shirts avec mon arrière-grand-mère était autochtone», note-t-elle.
La professeure croit que le problème a grandi avec la popularité des tests d’ADN au cours des dernières années.
Malgré avoir longuement écrit sur le sujet, Pre Tallbear reçoit encore des courriels d’étudiants blancs lui demandant où ils peuvent faire des tests d’ADN pour avoir accès à des bourses. Mais outre les avantages tangibles, pourquoi est-ce que certaines personnes tiennent absolument à être autochtones?
La professeure de la nation Sisseton-Wahpeton Oyate, crois que c’est aussi «parce qu’ils ne veulent pas être complices à la suprématie blanche».