Alors qu’une crise du logement fait rage dans plusieurs municipalités du Québec, une manifestation de quelques centaines de personnes est prévue mardi devant le bureau du premier ministre Justin Trudeau, à Ottawa. Les manifestants réclameront plus de fonds pour la construction de logements sociaux et la lutte contre l’itinérance.
«Les loyers moyens explosent et les logements restants sont insalubres. Donc des personnes se retrouvent à la rue ou doivent aller dans une autre ville», évoque à Métro la coordonnatrice du Réseau solidarité itinérance du Québec, Laury Bacro.
De nombreuses personnes en situation d’itinérance ou mal-logées, des représentants d’organismes ainsi que des élus de partis d’opposition à Ottawa se réuniront mardi au parc de la Confédération, en début d’après-midi. Ils marcheront ensuite jusqu’au bureau du premier ministre pour faire entendre leur voix auprès de Justin Trudeau.
«Il faut que le gouvernement mette en place des mesures parce que le marché privé ne permet pas actuellement de répondre aux besoins», affirme Mme Bacro.
«Les prix explosent»
Selon des données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le taux d’inoccupation sur le marché locatif aurait chuté à un taux aussi bas que 1,4% en 2019. À titre comparatif, celui-ci s’élevait à 3,9% en 2016.
Les locataires doivent par ailleurs s’attendre à une augmentation des loyers plus importante l’an prochain alors que les critères qui fixent ceux-ci seront revus à la hausse pour tenir compte de la surchauffe du marché locatif.
«Les prix explosent et il y a une rareté sur le marché, donc l’idée c’est vraiment que les gens aient une alternative abordable en fonction de leurs revenus.»
Le RSIQ réclame donc au gouvernement Trudeau d’investir 2 G$ par année dans la réalisation de nouveaux logements sociaux. L’organisme demande aussi une augmentation du financement du programme Vers un chez-soi à 50 M$ par année avec une indexation annuelle.
«Mon toit, c’est d’la marde»
Les organismes ne manquent pas d’ingéniosité pour faire pression sur les autorités publiques. Plusieurs organismes ont ainsi lancé mardi une campagne de sensibilisation en ligne et à la radio qui reprend l’air de la populaire chanson «Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde» de Lisa LeBlanc. Elle a été rebaptisée «Aujourd’hui, mon toit c’est d’la marde».
Pendant quelques dizaines de secondes, le clip traite avec humour des problèmes de moisissure et d’insalubrité dans les logements, de même que la hausse des prix des loyers.
«On veut réveiller la conscience collective pour inciter le gouvernement à investir davantage pour régler les problèmes», explique le directeur général de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec, Éric Cimon.
Les organismes derrière cette campagne demandent ainsi la création annuelle d’un minimum de 5000 unités de logements sociaux et communautaires pendant cinq ans.
«Il est urgent de doter le Québec d’un registre national des loyers pour limiter les hausses abusives et pour éviter que Montréal et d’autres villes du Québec en arrivent à une situation intenable comme celle de Toronto et de Vancouver», estime pour sa part le député de Québec solidaire dans Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla.