Plusieurs entreprises québécoises et canadiennes se mobilisent pour répondre à la demande «criante» en approvisionnement de matériel de protection du réseau de la santé, alors qu’Ottawa reconnaît que les nombreuses commandes provenant de l’extérieur ne sont pas assurées d’arriver à bon port.
«Commander ne garantit pas de livraison. […] Il y a des risques posés par une chaîne d’approvisionnement fragile», a avoué mardi la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand.
En Chine, par exemple, le gouvernement Trudeau affirme avoir d’ores et déjà mobilisé son ambassade «pour s’assurer que l’équipement arrive à temps». «Ce sont des chaînes d’approvisionnement complexes, mais nous faisons tous les efforts pour fournir l’équipement au personnel de la santé», renchérit Mme Anand à cet égard.
Au Québec, les masques N95 seront encore disponibles pour 13 jours. Le premier ministre François Legault a indiqué mardi que le matériel de dépistage pourrait aussi venir à manquer «d’ici 6 à 7 jours».
Des discussions ont été entamées avec le Laboratoire national de Winnipeg à cet égard. «La situation est stable, mais c’est une préoccupation qui s’ajoute. On travaille très fort pour trouver des solutions», admet le chef de la CAQ, appelant les Québécois à «laisser les masques de procédure» au réseau de la santé d’abord.
«On peut se fabriquer d’autres sortes de masques, mais le plus efficace demeure de demeurer loin des autres personnes, ou de rester à la maison.» – François Legault, premier ministre du Québec
Un élan de solidarité
Jusqu’ici, près de 5000 entreprises ont offert leur collaboration au gouvernement fédéral pour fournir des équipements médicaux aux travailleurs de la santé.
Parmi eux, Les Industries Gould – une PME montréalaise spécialisée dans les sacs à ordure – livrera dès la semaine prochaine 50 000 masques de procédure venus de Chine, et 40 000 masques réutilisables provenant d’Europe, dans plusieurs établissements de santé du Québec.
«C’était tout naturel pour nous de prendre part à cet effort collectif dans la lutte contre la COVID-19, en mobilisant nos ressources et notre plateforme logistique», explique le président de la compagnie située à Anjou, Frederico Panetta, se disant «très fier de l’engagement de nos équipes» et de la rapidité avec laquelle l’opération a été montée.
La papeterie québécoise Domtar y aurait aussi mis du sien, en mettant l’entreprise en lien avec un fournisseur chinois d’envergure. Même les services de Garda ont été retenus par l’entreprise, pour assurer une sécurité complète du transport des marchandises.
De RDP à Vancouver, plusieurs secteurs impliqués
Hier, Studio Artéfact, une entreprise de Rivière-des-Prairies spécialisée dans la confection de décors de Noël, a aussi donné 1000 masques N95 au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Le groupe se préparerait également à créer des centaines de visières en plastique, à raison de presque 650 par semaine.
Grâce à cette production, la firme a notamment été en mesure de réembaucher deux employés qui avaient temporairement perdu leur travail.
À l’échelle canadienne, les groupes Thornhill Medical et StarFish Medical participeront à la livraison de près de 30 000 respirateurs dans les prochains jours.
«Certainement que 30 000 ventilateurs, c’est un gros chiffre. On espère que ça va être beaucoup plus que suffisant. Ce serait de très mauvais scénarios si on a besoin d’autant de ventilateurs.» -Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Plus tôt, mardi, 3M, l’un des plus importants fabricants américains de masques médicaux, est venu à la rescousse d’Ottawa, en concluant un accord avec la Maison-Blanche qui lui permettra de fournir des millions de masques au marché américain sans sacrifier le Canada.
«Ces importations viendront s’ajouter aux 35 millions de masques N95 que nous fabriquons actuellement chaque mois aux États-Unis», affirme le président du groupe 3M, Mike Roman.
Hier, 8 millions de masques chinois se sont ajoutés à l’équipement disponible dès maintenant. «Nous nous attendons à plus de livraisons dans les jours et semaines à venir», a indiqué la ministre Anand. Imitant Bauer, qui doit livrer jusqu’à 300 000 visières au Québec, Ford Canada a annoncé mardi son intention de produire des «écrans faciaux» dans son usine de Windsor, en Ontario, pour soutenir les intervenants en «première ligne».
Avec la collaboration de François Carabin.