Il est «peu probable» que les célébrations entourant la Fête nationale, incluant celles sur les Plaines d’Abraham, puissent se tenir dans leur forme habituelle cet été. C’est du moins ce qu’a laissé entendre mercredi le premier ministre François Legault. Il affirme que la règle des deux mètres de distance sera en vigueur pendant encore «des mois», même si la courbe de transmission du coronavirus atteint éventuellement son pic.
«C’est très difficile dans un événement où il y a des milliers de personnes de faire respecter la règle du deux mètres, a dit M. Legault, en parlant de la Saint-Jean-Baptiste et du Festival d’été de Québec (FEQ), notamment. À partir du moment où on sait que cette règle va s’étendre sur une plus longue période, c’est peu probable qu’on soit capables d’avoir ce genre de festivals cet été.»
Au Mouvement national des Québécois (MNQ), la directrice générale Martine Desjardins affirme avoir «bien entendu» le gouvernement.
«De notre côté, on va poursuivre nos discussions avec le ministère en charge de la Fête nationale. Il faut clarifier les mesures à prendre entourant les célébrations», précise-t-elle.
Une «nouvelle culture»
Au-delà des chiffres, M. Legault appelle les Québécois à «commencer à visualiser» ce souci de la distance sur le long-terme. Objectif: prévenir la réapparition d’éclosions de COVID-19.
«Oui, c’est une nouvelle culture. Il ne sera plus question de se donner la main. Ou encore d’être trop proches des autres personnes.» -François Legault, premier ministre du Québec
D’ailleurs, dans le reste de la province, la reprise économique passera d’abord par les entreprises où la distanciation peut être respectée entre les employés et avec les clients. «On commence à voir la lumière au bout du tunnel. Je suis optimiste qu’on soit capables de commencer à rouvrir des commerces dans les prochaines semaines. Mais il faut être prudents», ajoute M. Legault.
Mercredi, 25 nouveaux décès liés au coronavirus ont été recensés par les autorités, portant le total à 175 au Québec. Le nombre de cas dépasse maintenant les 10 000. Malgré tout, les hospitalisations demeurent relativement stable, avec une hausse de 49, et seulement 17 personnes supplémentaires aux soins intensifs.
De vifs débats à Laval
Plusieurs élus de l’opposition à Laval ont dénoncé mercredi la décision de l’administration Demers d’avoir approuvé la veille, en conseil municipal, un financement maximal de 662 000$ en vue de la Fête nationale.
«C’est un non-sens total», dénonce le conseiller de Saint-Bruno, David De Cotis. L’urgence, ajoute-t-il, est «d’annuler cet événement pour la santé et la sécurité de tous». Même son de cloche pour l’élu municipal dans Saint-Vincent-de-Paul, Paolo Galati, qui appelle la Ville à «écouter les experts». «Marc Demers utilise ces 620 000 $ comme de l’argent Monopoly pour une fête qui n’aura probablement pas lieu. Pendant ce temps, des Lavallois perdent leurs emplois et sont mis à pied», s’indigne-t-il.
Le cabinet du maire Marc Demers, lui, indique qu’il «évalue actuellement différents scénarios» pour célébrer la Fête nationale en respectant les consignes de distanciation. La tenue d’activités via les réseaux sociaux n’est pas exclue.
«Laval fera preuve de créativité et d’innovation en créant un événement différent, tout en respectant les contraintes que nous avons. Plus que jamais, nous avons besoin d’être ensemble, même virtuellement. La fête nationale est un moment unique pour le faire.» -Marc Demers, maire de Laval
Une «clause d’annulation du mandat» serait toutefois prévue. La Ville affirme qu’elle veut permettre «d’assumer le paiement des frais engagés». Dont ceux de l’entreprise CoMotion, qui organise la fête nationale à Laval.
Montréal annule tout
Hier, la Ville de Montréal a pour sa part annoncé que toutes les activités culturelles, les festivals, rassemblements publics et événements sportifs seront annulées jusqu’au 2 juillet.
Cela inclut le grand rassemblement prévu chaque année dans la métropole, le 24 juin.
Au début avril, la présidente du Comité de la fête nationale du Québec à Montréal (CFNQM), Louise Harel, indiquait toutefois à La Presse qu’il y aura des festivités «avec ou sans» rassemblement.