Forcée de rester chez elle depuis le début de la crise sanitaire, une travailleuse autonome du secteur de l’entretien perd des liquidités à chaque heure. Elle exhorte les gouvernements d’étendre la portée de la distribution du matériel de protection, qui manque sur les tablettes de supermarchés.
Christine Robitaille gère elle-même ses activités d’entretien – des fois couplées avec des fonctions de gardienne – dans la région de Gatineau. Une fonction considérée comme «essentielle» aux yeux du gouvernement, ce qui lui permet en théorie de continuer d’offrir ses services.
Or, malgré ses meilleurs efforts, l’entrepreneuse s’est butée à un important manque de masques, de gants et de produits propices à la protection contre les virus. Mme Robitaille ne trouve aujourd’hui aucun moyen de bel et bien accomplir ses tâches.
«J’offre des services à des personnes malades, blessées, à risque. J’ai des personnes âgées, des personnes aveugles. J’ai une dame qui m’a appelée en pleurant il y a quelques jours: elle n’était pas capable de faire son lit», relate-t-elle.
Comble du désespoir: le revenu de la travailleuse autonome «a calé de façon significative».
«Je peux chiffrer mes pertes à 90%-95%», évalue-t-elle. L’achat d’équipement est devenu d’autant plus difficile pour elle.
Appel aux gouvernements
Mme Robitaille a fait parvenir des lettres aux gouvernements fédéral et provincial. L’objectif: exiger au plus vite que les gens comme elle puissent accéder à de l’équipement de protection personnel. «Nous autres aussi, on en a besoin», martèle l’entrepreneuse.
«Il pourrait y avoir une façon de distribuer les masques, les gants, aux travailleurs autonomes prioritaires. Les masques en tissu ne sont pas assez bons pour aller auprès des personnes malades.» – Christine Robitaille, travailleuse en entretien ménager
En date de mercredi, celle-ci n’avait toujours pas obtenu de réponse, assure-t-elle.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) appuie les démarches de sa membre. Il souhaite attirer l’attention du fédéral sur le problème.
«On ne va pas envoyer ce monde-là au front sans l’équipement nécessaire. Ils en ont besoin», observe l’analyste principal des politiques de la FCEI, Gopinath Jeyabalaratnam.
«S’ils n’ont pas l’équipement, ils ne vont pas sur le terrain. Et ça risque de leur fait perdre leur clientèle.» – Gopinath Jeyabalaratnam
En attendant une relance de l’économie, la FCEI demande aux dirigeants de considérer d’avance une nouvelle pénurie de matériel. Selon M. Jeyabalaratnam, une réouverture de l’économie risque d’entraîner l’arrivée d’une demande accrue d’équipement.
Depuis déjà un mois, les blouses, les masques, les gants et les visières manquent dans le réseau de la santé québécois. Pour répondre à la demande, le gouvernement fédéral affirme avoir conclu des contrats partout à travers le monde pour renflouer les hôpitaux et les résidences pour personnes âgées du pays.