Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, beaucoup de questions demeurent sans réponse pour les enseignants de l’est de Montréal. Au grand soulagement de tous, le gouvernement a abandonné le concept de bulles sociales. Mais qui s’occupera de désinfecter les classes et de remplacer les enseignants qui tombent malades?
Plusieurs attendaient depuis des mois le plan du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge. C’est le cas entre autres de Chantal Poulin, enseignante au primaire à l’École Des Roseraies, à Anjou. Elle s’explique mal la précipitation du ministre lors du point de presse du 10 août. «Ça donne l’impression qu’il ne voulait pas répondre aux questions», dit-elle.
Elle se dit néanmoins soulagée de l’abandon des bulles sociales. Ces sous-groupes de six élèves auraient été impossibles à gérer à l’intérieur de la classe, de l’avis de la majorité des enseignants.
De nombreux inconnus
Malgré ce soulagement, les enseignants restent sur leur faim.
«Nous aussi on a des enfants. Si nos enfants doivent s’isoler, nous aussi on va devoir s’absenter. Qui va nous remplacer?», demande par exemple Julie, une enseignante au préscolaire de Pointe-aux-Trembles.
Elle rappelle qu’avant la pandémie, les écoles montréalaises faisaient déjà face à une grave pénurie de personnel. «Même quand on était très malade, on n’avait pas de suppléant, c’est d’autres professeurs de l’école qui enseignaient à tour de rôle», indique-t-elle.
Le nettoyage des classes est aussi une crainte pour le personnel enseignant. «Nos classes sont déjà vétustes, il n’y a pas de ventilation, les fenêtres s’ouvrent à peine, les concierges passent très peu. Il va falloir désinfecter», souligne Chantal Poulin.
Elle ajoute qu’après des mois d’enseignement à distance, ses élèves présenteront nécessairement des lacunes. Or, elle n’est pas satisfaite des annonces concernant le rattrapage pédagogique, qui aurait dû inclure davantage d’adaptations aux programmes et aux évaluations, selon elle.
Mouvements de personnel
Pour Shawn Richardson, enseignant en anglais langue seconde à l’École secondaire Henri-Bourassa, à Montréal-Nord, le principal défi sera de devoir se déplacer de classe en classe.
«Ce sera une première dans ma carrière, je devrai traîner mon matériel avec moi», affirme celui qui se dit par ailleurs heureux du plan présenté par le gouvernement.
Mais ces nouveaux mouvements de personnel et de matériel scolaire seront un casse-tête à organiser dans les écoles, selon Serafino Fabrizi, président du Syndicat de l’enseignement de la Pointe-de-l’Île.
«Il va falloir mettre des dictionnaires sur des chariots et dans certaines écoles sur plusieurs étages, il n’y pas d’ascenseur. Chaque école a ses spécificités », illustre-t-il.
Peu de temps pour se préparer
Comme chaque année, trois journées pédagogiques sont prévues pour que le personnel enseignant puisse se préparer à la rentrée des élèves le 27 août.
«C’est suffisant en temps normal, mais dans le contexte, ça aurait été intéressant de la part du ministre de donner un peu plus de temps», croit M. Fabrizi.
Il souligne que le syndicat tentera d’obtenir les réponses aux nombreuses questions restées en suspens auprès du Centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île et ce, dès que possible.