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Pinède d’Oka: une consultation publique sous haute tension

Le maire d'Oka accompagné des élus municipaux et des membres du comité consultatif d'urbanisme

Une pluie de critiques n’a pas tardé à déferler dans les commentaires. Et ce, en direct.

Une consultation publique autour du statut patrimonial de la forêt de la Pinède d’Oka s’est tenue, lundi soir, dans un contexte de tensions extrêmes entre le maire d’Oka et les Mohawks de Kanesatake. Diffusée en direct sur YouTube, celle-ci a fait l’objet de nombreuses critiques d’auditeurs. 

La raison de la consultation est la décision de la municipalité d’Oka d’octroyer à la forêt de la Pinède d’Oka le statut de «site patrimonial municipal». Et ce, pour des motifs «historiques, identitaires et paysagers».  

Cette forêt de pins blancs et d’épinettes est célèbre pour avoir été le théâtre de la Crise d’Oka survenue en 1990.

Dans le règlement, Oka en appelle à la Loi sur le patrimoine culturel. Celle-ci stipule qu’une municipalité peut désigner «site patrimonial» tout ou une partie de son territoire, dont la connaissance, la protection ou la mise en valeur présente un intérêt public. 

Les élus municipaux et les membres du comité consultatif d’urbanisme se sont donc connectés sur YouTube, lundi soir, pour débattre de la question avec les citoyens. 

Ils étaient neuf à expliquer le règlement et environ 90 personnes à les écouter. 

Le Conseil Mohawk était présent en ligne

«Vous dites que vous vous êtes entendus en 2015 avec le chef Simon pour protéger la pinède. Alors pourquoi tasser non seulement le chef Simon de ce processus ainsi que toute la communauté?» a demandé le Conseil Mohawk de Kanesatake en direct au maire d’Oka, Pascal Quevillon. 

Le but principal d’Oka est de «protéger la forêt», a répondu le maire, ajoutant que cela n’avait rien à voir «avec du racisme».

Selon lui, la mairie a davantage la capacité de protéger la forêt que le Conseil, évoquant notamment les récentes activités de l’entreprise G & R Recyclage.

Selon le nouveau zonage, adopté le 6 octobre, la forêt de la pinède et les terres du propriétaire se trouvent désormais dans une zone de conservation environnementale.

«La réconciliation [avec la communauté Mohawk], ça va dans les deux sens. La grande majorité d’entre eux ne sont pas d’accord avec ce qui se passe. Ils me disent: ne lâchez pas M. le Maire.» -Pascal Quevillon

Pour lui, ce n’est pas à la municipalité de régler les revendications territoriales. 

«Si le fédéral nous oblige à donner les clés de la mairie à la communauté Mohawk, on le fera. S’il fait un don écologique de la forêt à la communauté, on n’aura pas notre mot à dire.» 

Une pluie de critiques en direct

Une pluie de critiques n’a pas tardé à déferler dans les commentaires. Et ce, en direct. 

«Un zoom de 9 personnes blanches SUR TERRES AUTOCHTONES pour prendre une décision qui n’affecte que les premières nations… SURPRISE», pouvait-on notamment lire. 

«Ça fait 300 ans qu’on est ici, nous aussi, a rétorqué le maire d’Oka durant la période de questions. Donc, on a le droit d’être ici. Le respect ça va dans les deux sens.» 

En ligne, bon nombre d’auditeurs ont souligné que le règlement ne devrait pas être adopté sans une vraie consultation auprès de la communauté de Kanesatake. Le maire a indiqué qu’une rencontre virtuelle était prévue avec le grand chef pour «expliquer le processus de la municipalité.» 

Pour les Mohawks, ce n’est pas à Oka de protéger ce site, mais à la communauté. Selon eux, ce règlement vise à empêcher le rapatriement de leurs terres. 

«C’est quoi le problème?»

Notons que si la forêt devenait un site patrimonial, nul ne pourrait plus, sans autorisation du conseil municipal, y abattre un arbre, aménager la forêt ou y construire quoi que ce soit. 

«Je ne comprends pas l’idée de s’opposer à la protection de la pinède. Je regarde les commentaires racistes à notre égard sous la vidéo, c’est de la désinformation. On veut protéger la pinède, c’est pas compliqué! C’est ça que le monde attend depuis 30 ans, c’est quoi le problème?» -Pascal Quevillon

Le maire a indiqué qu’il était erroné de parler «d’expropriation», puisqu’Oka possède une grande partie du terrain. «On ne peut pas s’exproprier nous-mêmes!» Quant au deuxième propriétaire, Grégoire Gollin, il est d’accord avec le règlement, a-t-il assuré. 

Un auditeur trouvait d’ailleurs «excellente» l’idée d’éviter tout développement immobilier «dans ce magnifique territoire.»

Cette consultation publique était organisée alors que les tensions n’ont cessé de grimper ces derniers jours. En fin de semaine, le maire Quevillon a publié une vidéo sur Facebook faisant état d’actes de vandalisme dans sa propriété. 

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