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Québec demande à Ottawa d’innocenter Louis Riel

L'Assemblée nationale du Québec

L'Assemblée nationale du Québec

À quelques jours du 135e anniversaire de la mort de Louis Riel, c’est au tour de l’Assemblée nationale de demander à Ottawa d’innocenter le martyr métis, exécuté pour «trahison» envers la cause canadienne.

Les députés à Québec ont voté mercredi en faveur d’une motion demandant l’exonération de M. Riel, mort par pendaison le 16 novembre 1885. C’est le député de Québec solidaire Alexandre Leduc qui en a fait la proposition en chambre.

En entrevue avec Métro, le député souligne l’attachement «complexe» du Québec avec Louis Riel, un homme d’État métis qui est né et mort dans les Prairies canadiennes.

«C’est très peu connu que deux régiments canadiens-français sont allés combattre à la rébellion du Nord-Ouest, en 1885», relate M. Leduc. Louis Riel est alors à l’avant-plan d’un mouvement d’insurrection chez les Métis du Canada contre la nouvelle Confédération canadienne.

«Quand les deux régiments avaient quitté leurs villes respectives en train, ils avaient été applaudis par des foules en liesse. On disait: « nos braves soldats qui vont défendre la nouvelle Confédération ». Donc, l’opinion publique autour de Louis Riel n’était pas du tout homogène au départ», ajoute le député solidaire.

«Ralliement national»

La pendaison de Louis Riel après un procès controversé instille chez les Canadiens-français une nouvelle vision du révolutionnaire métis. Sa langue, française, et sa religion, catholique, s’apposent directement au caractère majoritaire québécois de l’époque.

Or, le jury appelé en cour pour étudier les accusations envers Riel est presque unanimement anglophone et protestant. Le procès, expéditif, dure cinq jours.

«Quand on est arrivé à cette sentence cruelle, il y a eu un ralliement national au Québec autour de la cause métisse.» – Alexandre Leduc, député de Québec solidaire

Une semaine après la mort de Louis Riel, ce sentiment se transpose dans les plus grandes instances politiques québécoises, au Salon bleu – qui est alors vert. Dans un discours enflammé, le premier ministre de l’époque, Honoré Mercier, est sans détour: «Riel, notre frère, est mort».

Le premier ministre de l’époque, John A. Macdonald, répond: «Louis Riel sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur».

Des propos qui font réagir au Canada français, constate la présidente de la Société Saint-Jean-Baptiste, Marie-Anne Alepin. «Louis Riel revendiquait les droits des Métis et la protection de la culture. Ça a des échos chez nous», indique-t-elle.

Exonération

C’est en toute conscience qu’Alexandre Leduc a choisi d’utiliser le terme «innocenter» dans le libellé de sa motion.

«Si on demandait un pardon, ça maintiendrait le jugement de culpabilité initial. Innocenter rend caduque le procès même. On efface la notion de culpabilité», indique l’élu d’Hochelaga-Maisonneuve, qui s’est longtemps entretenu avec l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba pour imaginer sa motion.

Selon la présidente de l’Union, Paulette Duguay, la motion fait aujourd’hui en sorte qu’Ottawa a «un devoir moral» d’innocenter Louis Riel. «L’exonération éliminerait tellement de préjugés. Les Métis, pendant si longtemps, ont avancé la tête basse», signale-t-elle.

Au printemps 2019, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avait choisi d’innocenter à titre posthume l’ancien chef cri Poundmaker, qui avait combattu durant la rébellion de 1885.

L’Union nationale Saint-Joseph s’est assurée d’intervenir auprès de la Ville de Montréal pour obtenir son opinion sur la cause d’exonération de Louis Riel. Le conseiller de ville Marvin Rotrand déposera une motion en séance du conseil municipal la semaine prochaine.

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