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Le ministère de la Santé n’a pas atteint ses objectifs à temps pour la pandémie

Le premier ministre François Legault

Le premier ministre François Legault

Le ministère de la Santé a atteint à peine le tiers de ses objectifs stratégiques dans l’année précédant la pandémie. Des résultats qui n’ont pas été sans conséquence sur la propagation de la COVID-19, tonne le Conseil pour la protection des malades (CPM).

Le gouvernement de François Legault publiait lundi soir ses données sur la «performance» des ministères pour l’année 2019-20. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) qui arrive en fin de peloton, surtout en raison de son incapacité à atteindre les cibles qu’il s’était fixées.

L’organisme, qui détient le portefeuille le plus imposant de la fonction publique, n’a rempli que 38% de ses objectifs stratégiques au dernier exercice. C’est de loin le pire résultat parmi les vingt ministères qui sont passés sous la loupe du Conseil du trésor.

Et la situation ne semble pas s’améliorer sous le gouvernement de François Legault. Après avoir rempli 42% de ses objectifs en 2018-19, le MSSS a perdu des plumes, cette fois-ci.

Le phénomène s’observe notamment aux urgences. En 2018-19, Québec constatait un délai d’attente sur civières de 14,2 heures. Le total a gonflé d’une heure depuis. Et ce, malgré que l’objectif gouvernemental ait été allégé.

La clientèle ambulatoire – ceux qui vont à l’urgence sans nécessiter de civière – devait, elle, patienter cinq minutes de plus en 2019-20 qu’en 2018-19.

La faute à la CAQ?

Interrogé mardi sur la part de responsabilité qu’il prenait dans l’état du réseau de la santé, le premier ministre François Legault a convenu qu’il aurait dû en faire plus pour les soins longue durée. «Il y avait des lacunes importantes dans les CHSLD», a-t-il répété lors d’un point de presse à Montréal.

Mais les faux pas du gouvernement vont plus loin que les soins pour aînés, répond le président du CPM, Paul Brunet.

«Depuis 2013 que les agences de santé publique canadienne et québécoise nous disent de nous préparer. On ne l’était pas, prêts», martèle-t-il. Le principal porte-parole du CPM pointe du doigt l’attente toujours grandissante dans les salles d’urgence.

«Il faut offrir d’autres alternatives aux patients, comme la télé-médecine, des cliniques infirmières, présentes pourtant dans d’autres provinces depuis plus de 20 ans», propose M. Brunet.

«Est-ce qu’on fait exprès pour ne pas régler la pression sur les urgences? C’est une joke.» – Paul Brunet, président du Conseil de protection des malades

Le ministère s’est justifié mardi en avançant que «la crise n’a […] pas été sans conséquences sur sa performance».

«Une réorganisation des soins et des services a été effectuée avant la fin de l’année financière 2020, afin de préparer adéquatement les établissements à faire face à la pandémie», relate la relationniste du MSSS Marie-Claude Lacasse dans un échange de courriels.

Elle maintient qu’en se préparant pour la pandémie, le réseau a dû mettre sur pause sept dossiers à l’agenda.

Le dossier médecins de famille

Avant son arrivée au pouvoir, la CAQ s’est longtemps engagée à doter tous les Québécois d’un médecin de famille. Encore mardi, François Legault a soutenu qu’il s’agit là de la solution à l’engorgement des urgences.

De 2018-19 à 2019-20, pourtant, le pourcentage de la population inscrite auprès d’un médecin de famille n’a pas bougé d’un poil. À l’aube de la pandémie, il restait immobilisé à 81%.

Le premier ministre soutient qu’il retournera bientôt à la table à dessin. «On avait commencé les discussions avec la [Fédération des médecins omnipraticiens du Québec] avant la pandémie. J’ai bien l’intention de revenir sur cette priorité», a-t-il affirmé.

Des temps d’attente toujours long

Parmi les objectifs ratés du ministère de la Santé lors de la dernière année: la réduction du temps d’attente pour une chirurgie. Dans son dernier rapport de gestion, l’organisme rapporte 24 713 opérations en attente de plus de six mois. C’est 11 000 de plus que l’objectif visé.

Dans les blocs opératoires, l’atteinte de ces objectifs apparaît d’autant plus compliquée. Au début du mois, Québec ordonnait aux centres hospitaliers aux prises avec des éclosions de repousser les chirurgies non urgentes.

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