Alors que les vaccins arrivent au compte-gouttes au Québec, un syndicat policier a entamé des démarches auprès de Québec pour être devancé dans la liste de priorisation provinciale. C’est une question de santé publique, argue-t-on.
Selon l’ordre de priorité établi par la Direction générale de santé publique, les policiers font partie du neuvième palier en importance dans la stratégie de vaccination. C’est le même que tous les «travailleurs dans les services essentiels âgés de moins de 60 ans», confirme le ministère de la Santé (MSSS). Les travailleurs en épicerie y sont aussi, par exemple.
Sans se prononcer sur le palier exact où les policiers devraient s’inscrire, la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec (FPMQ) demande à Québec de réévaluer. La centrale syndicale a d’ailleurs amorcé des démarches de lobbying.
«Plusieurs policiers ont été infectés. Ils sont en première ligne et sont appelés à aller dans des résidences de personnes âgées, dans des hôpitaux», constate le président de la FPMQ, François Lemay.
S’il fait des démarches auprès de Québec, c’est qu’il veut éviter que les agents de la paix deviennent des «vecteurs de transmission», ajoute M. Lemay.
Dangereuses éclosions
Depuis le début de la pandémie, la FPMQ a constaté plusieurs éclosions dans des services policiers. Deux d’entre eux, au Saguenay et dans la MRC de Memphrémagog «ont presque amené à être incapable de livrer le service», soutient le président de la centrale.
Dans le contexte, la FPMQ a fait parvenir une lettre à la ministre de la Sécurité publique pour qu’elle demande à la Santé publique de réévaluer.
Au MSSS, on maintient la ligne dure. La capacité vaccinale, affirme-t-on, ne permet pas de modifier les rangs de priorité pour le moment.
«Le MSSS réitère l’importance de respecter les priorités, soit que les travailleurs en milieux hospitaliers et d’hébergement qui sont quotidiennement et directement en contact avec des personnes à risque soient prioritaires», a indiqué dans un courriel la relationniste du ministère Marie-Louise Harvey.
«C’est une question d’équité et de protection de la santé de la population et des travailleurs du réseau dans un contexte où les vaccins sont disponibles en quantité limitée.» – Relations médias du MSSS
Calendriers reportés
François Lemay est conscient de la rareté des vaccins. Dans le dernier mois, les deux fournisseurs de vaccins au Québec, Pfizer/BioNTech et Moderna, ont ralenti leur calendrier de livraison dans la province. La semaine dernière, le ministre de la Santé, Christian Dubé, affirmait que l’opération est presque au point mort.
Mais la FPMQ poursuit ses démarches. «L’objectif, ce n’est pas de dire qu’on doit être les premiers sur la liste. L’objectif, c’est de dire: on n’est pas sûrs que votre évaluation, alors qu’on est beaucoup en contact avec les personnes à risques, ça soit la bonne chose», avance M. Lemay.
Les policiers respectent-ils les consignes sanitaires, comme le port du masque, afin de limiter au possible la transmission de la COVID-19, en attendant l’arrivée de vaccins?
«La très grande et forte majorité porte l’équipement de la façon qu’il faut», soutient le président de la FPMQ. Il cependant met une part du blâme sur la Santé publique.
«Au début, on n’a pas eu l’heure juste, précise-t-il. On savait qu’il y avait un manque d’équipement. On nous a proposé des solutions qui n’étaient pas correctes. Ça, ça a eu un effet.»
Aux dernières nouvelles, 2,7% de la population du Québec a reçu une dose vaccinale. Il s’agit des résidents de CHSLD et de résidences privées pour aînés, ainsi que des travailleurs de la santé.