Il est hors de question de laisser des aînés québécois vulnérables «tomber entre les mailles du filet» pendant la campagne de vaccination de masse, soutient le gouvernement Legault. La vaccination à domicile ou par «service à l’auto» ne fait toutefois pas partie de ses plans.
Mardi, le premier ministre François Legault donnait le coup de départ à la stratégie nationale de vaccination de masse contre la COVID-19. Les personnes nées avant 1937 et vivant à domicile pourront prendre rendez-vous dès jeudi pour se faire vacciner, a-t-il confirmé lors d’une conférence de presse en direct du Stade olympique.
Selon la ministre responsable des Aînés et des proches aidants, Marguerite Blais, c’est maintenant que s’amorce le plus grand défi des autorités sanitaires: rejoindre l’ensemble des personnes âgées dans le Grand Montréal, particulièrement les personnes seules et isolées.
«Il y a des gens qu’on a plus de difficultés à rejoindre. Ce sont ces personnes-là qu’on ne veut pas échapper», soutient-elle en entrevue avec Métro.
Québec soutient avoir mobilisé les organismes communautaires et le réseau de la santé afin de rejoindre tous les Québécois admissibles dès maintenant. Quant aux aînés montréalais allophones – on en compte plus de 15 000 à Montréal – ils ne seront pas oubliés, affirme Mme Blais. «Je n’ai pas de crainte», souligne-t-elle.
«Si vous savez qu’il y a une personne qui vit seule, allez donc lui demander si elle a besoin d’aide pour s’inscrire, si vous ne pouvez pas la transporter.» – Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des proches aidants
Délicate opération
Dans les premiers mois de l’opération de vaccination, les doses étaient envoyées vers différents CHSLD et résidences privées pour aînés. Cette fois-ci, elles seront acheminées vers de larges centres de vaccination pré-sélectionnés. À Montréal, on parle notamment du Palais des congrès ou du Stade.
Expert en gériatrie, Quoc Dinh Nguyen craint que malgré les efforts du réseau de la santé, la stratégie de vaccination nationale ferme les yeux sur certains pans de la population.
«De ma perspective de gériatre, ça arrive régulièrement que j’aie de la difficulté à rejoindre les communautés vulnérables, déjà dans les cliniques et dans les CLSC. Les amener au Palais des congrès, c’est un degré de difficulté de plus», constate-t-il.
Selon cet interniste au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), la solution réside dans des cliniques de proximité.
Selon Marguerite Blais, en tout cas, il n’est pas envisagé pour l’instant d’envoyer les vaccins à domicile. En fait, dit-elle, la décision n’est pas entre ses mains. «Les compagnies pharmaceutiques ne veulent pas qu’on se déplace d’une maison à l’autre», lance-t-elle au bout du fil.
Hier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, affirmait que le vaccin d’AstraZeneca pourrait changer la donne. Mais celui-ci n’a pas encore été approuvé par Santé Canada.
Pas non plus de service à l’auto
À court terme, Marguerite Blais ne voit pas non plus se développer de cliniques par «service à l’auto». Pourtant, cette stratégie a été utilisée dans certains états américains.
«Je ne suis pas la responsable de la vaccination, mais là, on est en plein hiver. Pour se faire vacciner, il faut quand même avoir les bras à l’air», signifie Mme Blais.
Le printemps dernier, la Santé publique avait ouvert quelques-unes de ces cliniques à l’auto, mais pour dépister.
Combien de temps?
Mardi, le ministre Dubé confirmait que le bassin de personnes admissibles à une première dose dès maintenant était de 200 000. Au rythme actuel, disait-il, l’administration de premières doses chez les 85 ans et plus pourrait ne durer que deux semaines.
«Je suis une personne pressée, renchérit aujourd’hui Marguerite Blais. J’aimerais avoir terminé le plus rapidement possible.»
Les Québécois souhaitant se faire vacciner pourront prendre rendez-vous sur le site quebec.ca/vaccincovid à partir de jeudi.