Dans le troisième budget Girard, le transport collectif roule loin derrière le transport routier. Si bien que les projets routiers obtiennent deux fois plus d’argent que les futurs tracés de transport en commun.
Dans son nouveau Plan québécois des infrastructures (PQI) 2021-2031 – le cahier des grands projets du gouvernement du Québec –, l’équipe de François Legault prévoit plus de 28 G$ pour l’asphalte. Les nouvelles dépenses dans l’autoroutier s’élèvent à 2,6 G$.
En comparaison, le cahier des projets de transport collectif s’amincit. Après avoir atteint 13,6 G$ l’an dernier, le budget dans le secteur est maintenant de 12,8 G$. À Montréal, aucun nouveau projet de transport en commun n’est mis à l’étude.
Résultat final: la proportion de projets de transport en commun financés par Québec recule de 34% à 31%, pour atteindre les niveaux du dernier budget libéral.
La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, soutient que l’objectif d’équilibrer les dépenses dans ces deux secteurs est déjà atteint… à condition de considérer les projets menés par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), comme le REM.
«La part est même supérieure pour le transport collectif si on inclut la Caisse», a-t-elle souligné jeudi, lors d’un point de presse à Québec.
Sur le plan des dépenses gouvernementales, Mme LeBel s’attend à atteindre l’équilibre rapidement. «Je suis optimiste de garder le même horizon, peut-être même plus court que mon collègue [l’ex-président du Conseil du trésor Christian Dubé]», a-t-elle précisé.
Et pourtant…
En 2018, dans son plan de décongestion présenté en campagne électorale, la CAQ s’était pourtant donné l’objectif d’avoir une répartition «moitié-moitié».
«La moitié de la population de la couronne nord souhaite que le gouvernement investisse en transport collectif dans une proportion moitié-moitié par rapport au volet routier, rapportait-on. La CAQ prend acte de cette volonté citoyenne et agira dans cet esprit.»
«C’est une promesse brisée», a réagi le leader parlementaire du Parti libéral, André Fortin, jeudi, après avoir lu les détails du troisième budget Girard.
Québec solidaire ne se dit pas dupe des explications de la ministre LeBel. Jeudi, la co-porte-parole du groupe d’opposition Manon Massé a évoqué une manière «d’usurper l’intelligence du monde».
«Quel manque d’ambition», s’est-elle déçue.
Jeudi, le Parti québécois s’est indigné des orientations du budget orienté vers le «béton». «C’est un budget des années 1990», a-t-il affirmé.
Le PQI 2021-31 prévoit un budget de 135 G$ sur 10 ans, 4,5 G$ de plus que l’année précédente.