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Repenser les finances publiques à l’ère post-pandémie

La Chambre des communes adopte le plan d'urgence fédéral de 82 G$

Le parlement, à Ottawa.

Quelque part au cours des premières semaines de la pandémie, l’éditorialiste en chef de La Presse Stéphanie Grammond regardait une conférence de presse du premier ministre Justin Trudeau avec sa fille. Le premier ministre annonçait l’investissement des centaines de millions de dollars dans plusieurs programmes d’urgence. «Qui va payer pour ça?» sa fille a demandé.

«Je pense que ça va être toi, ma puce,» a répliqué la journaliste. Mais elle a pris soin d’ajouter que c’était possible d’agir maintenant de réduire l’impact de la dette post-pandémie sur les générations futures.

Mme Grammond, journaliste spécialisée en finance personnelle, faisait partie des présentateurs lors de la Journée de réflexion sur les finances publiques, organisée par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke mercredi et animée par l’analyste politique Marie Grégoire. Les présentateurs ont évoqué trois grands défis auxquels font face le Québec et le monde occidental dans son ensemble – le vieillissement de la population, l’impact économique de la pandémie et le changement climatique – et parlé de l’effet potentiel de ces facteurs sur la santé financière des gouvernements fédéral, provincial et des municipalités.

Luc Godbout, titulaire de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’UdeS, a expliqué que le gouvernement fédéral, pour sa part, était déjà déficitaire avant le début de la pandémie. Les dépenses des premières semaines de la pandémie ont fait exploser ce déficit, de l’équivalent de 33% du PIB à l’équivalent de 55%, selon l’expert. Les dépenses du gouvernement provincial ont aussi augmenté, mais dans le cas provincial, l’augmentation a été suivi par une augmentation des revenus, venant des transferts fédéraux et impôts. La province doit toutefois fonctionner en 2021 avec un déficit budgétaire d’environ 12 G$. Le retour à l’équilibre budgétaire au Québec est prévu pour 2026-27; le gouvernement fédéral n’a pas encore donné de date, et dans le dernier budget il y avait peu de solutions proposées pour cette dette.

M. Godbout a noté que les provinces appellent depuis un an à augmenter les transferts en santé du gouvernement fédéral. «Les transferts en santé sont aussi de l’argent des contribuables,» a-t-il observé. «Est-ce que demander des transferts, c’est la chose à faire, ou est-ce qu’on devrait prendre plus d’espace fiscal?» Les mesures fiscales au niveau provincial peuvent prendre la forme des taxes à la consommation, des cotisations sociales ou des mesures d’écofiscalité telles des mesures de tarification de carbone — qui pourraient contribuer à leur tour à diminuer les impacts du changement climatique, et qui seraient à la portée tant du gouvernement fédéral et provincial que des municipalités.

Yves Carrière du département de démographie de l’Université de Montréal a évoqué l’impact de la démographie, annoncé depuis des décennies. Au cours des trente prochaines années, la population des personnes âgées au Québec devrait doubler, mettant davantage de pression sur le financement du système de santé et réduisant du même coup la population en âge de travailler.

Mia Homsy, PDG de l’Institut du Québec, faisait partie des panélistes appelés à proposer des solutions pour ces défis interconnectés. «Si on ne fait rien, le déficit va continuer à croître,» a-t-elle résumé. «Il faut parler moins de création d’emplois et plus de cultivation de talents, et placer la formation au cœur de nos réflexions.»

La pandémie a forcé les différents paliers de gouvernement à agir rapidement et radicalement dans les domaines de santé et d’économie, y compris dans la formation de la main d’œuvre. Les panélistes considèrent que certaines solutions se trouvent dans la façon dont la crise a été gérée. «La formation rapide des préposés aux bénéficiaires nous a montré un exemple pour l’avenir,» a remarqué Mme Grégoire, ancienne députée provinciale. «On aurait dû le faire il y a plusieurs années. Cette expérience, et celle de l’apprentissage à distance, nous ont montré qu’on était capables de se revirer sur une dix cennes et former des personnes; ça devrait nous donner des idées pour [s’attaquer à] la situation climatique et fiscale.»

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