Manque de ressources, surcharge de travail et salaire insuffisant: les membres de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) entrent en grève, dans l’espoir d’en venir à une entente avec le gouvernement du Québec.
Une cinquantaine de ses membres ont manifestés, mardi, devant les locaux des Archives nationales du Québec à Montréal, où le premier ministre François Legault tenait un point de presse.
L’APTS regroupe 60 000 membres, passant de techniciens en laboratoires, de travailleuses sociales aux psychologues et aux nutritionnistes. On les retrouvent dans les centres jeunesses et les établissements de santé.
Depuis un an et demi, l’association se retrouve sans convention collective. Des négociations sont en cours avec le gouvernement. «C’est difficile de dire si on est proche ou loin d’une entente, révèle la vice-présidente du comité exécutif, Émilie Charbonneau. Il y a des choses essentielles qui ne se trouvent pas sur la table dans l’offre de Québec.»
«On a hâte que le gouvernement nous dépose une offre dont nos membres vont être fiers. Ça fait 15 ans qu’on vit l’austérité, 15 ans que la population paie la note en recevant moins de services. Ça suffit.»
Émilie Charbonneau, vice-présidente au Comité exécutif de l’APTS
Parmi ces éléments manquants, on parle de conditions de travail, notamment au niveau des heures demandées. Plusieurs des membres de l’APTS quittent leur emploi pour le domaine privé, un phénomène exacerbé lors de la pandémie.
Il y a près d’un an, le ministre délégué aux Services sociaux, Lionel Carmant, a annoncé un investissement de 90 M$, notamment pour assurer la création de postes dans les centre jeunesse. «Le problème, c’est que ces postes-là ne trouvent pas preneur, explique Mme Charbonneau. Il faut plus que créer des postes: il faut créer des conditions gagnantes pour attirer les candidats.»
En partie en raison de l’épuisement professionnel, le milieu fait face à un taux de roulement élevé. «On observe une détresse psychogique chez nos membres», se désole Mme Charbonneau.
Compenser pour la crise
Une hausse de salaire de 12,4% est exigée. Cela représente majoritairement un rattrapage salarial, mais aussi une compensation liée à l’inflation. Une prime de rétention est demandée, ainsi qu’un bonis liés aux difficultés rencontrées par les travailleurs durant la pandémie.
Certains membres, comme la travailleuse sociale du CLSC des Faubourgs du centre-ville de Montréal Alexandra Méthot, se sont retrouvés à travailler dans des résidences pour personnes âgées. On lui a demandé de remplacer une préposé aux bénéficiaires, même si elle n’avait aucune expérience en la matière.
«On ne connaissait pas la clientèle. Les bénéficiaires étaient pris dans leur urine, dans leurs selles. Je ne suis pas préposée, je ne savais pas comment les aider. C’était traumatisant», confie Mme Méthot.
Elle compte sur 23 ans d’expérience comme travailleuse sociale, dont une majeure partie amassée en CHSLD. «Les conditions ont toujours été difficile, indique-t-elle. C’est inhumain ce qu’on nous demande, encore aujourd’hui. Comme on manque de personnel, j’y suis jamais complètement arrivée dans cette job-là. C’est la clientèle qui en mange un coup.»
Autres négociations
D’autres regroupements de travailleurs de la santé se sont entendus avec le gouvernement. Les négociations de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) ont notamment pris fin lundi. Les «progrès significatifs» dans les pourparlers ont justifié l’arrêt de la grève de ses travailleurs.
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) s’est également entendue avec le gouvernement la semaine dernière. L’accord statue des conditions de travail ainsi que du salaire, mais aussi de la création de postes, et de la gestion des heures supplémentaires.