Pressé par les différents paliers de gouvernement, à la suite du meurtre de Thomas Trudel, le ministre fédéral de la Justice David Lametti promet d’agir sur le contrôle des armes à feu, notamment les armes de poing. Il ne donne toutefois aucun détail supplémentaire sur les mesures favorisées par le gouvernement fédéral.
Il y a déjà des mesures dans le Code criminel […] on a déjà fait une annonce pour interdire les armes d’assaut, on est train d’étudier la question des armes de poing.
David Lametti, ministre fédéral de la Justice
Le ministre est revenu sur le drame survenu en début de semaine dans l’arrondissement de Villeray qui a coûté la vie au jeune Thomas Trudel, dimanche soir, alors qu’il revenait chez lui en début de soirée: «On a des tragédies qui se passent et ça nous rend tristes […] Ça me fait beaucoup de peine de voir ce qui se passe et donc évidemment on reste actifs sur le dossier. On va continuer à travailler sur ce dossier avec Québec, avec Montréal, avec d’autres villes.»
Le décès du jeune Trudel succède à celui, mi-octobre, de Jannai Dopwell, assassiné en plein jour lors d’une dispute entre jeunes près de l’Avenue Van Horne dans dans le quartier Côte-des-Neiges, ou encore de Meriem Boundaoui tuée par une balle perdue en février dernier. Ces trois homicides d’adolescents alourdissent le bilan des homicides à 31 depuis le début 2021.
Le fédéral cible des critiques
Depuis quelques jours les pressions se sont intensifiées sur le fédéral pour qu’il passe à la vitesse supérieure dans le dossier des armes de poing.
Accompagnés d’élus locaux, la mairesse et le directeur du SPVM ont déposé des fleurs sur les lieux du drame mardi soir. La mairesse, émue, a également pointé du doigt la responsabilité du fédéral qui «a le gros bout du bâton» pour s’attaquer aux armes de poing.
On va se le dire, c’est le gouvernement fédéral qui a la responsabilité entière et la capacité de dire « les armes de poing, c’est non, c’est interdit ». […] Il faut vraiment que tous les paliers [de gouvernement] prennent leurs responsabilités le dire, c’est le gouvernement fédéral qui a la responsabilité entière et la capacité de dire « les armes de poing, c’est non, c’est interdit »
Valérie Plante, mairesse de Montréal
Du côté provincial, pour Geneviève Guilbault, la vice-première ministre, qui est aussi ministre de la Sécurité, c’est au gouvernement fédéral d’en faire plus, puisque le contrôle des frontières lui revient. «Les armes n’arrivent pas par magie au Québec», a-t-elle lancé.
«On a dit lors de la campagne qu’on allait travailler avec les provinces […], on est conscients, je suis Québécois, je suis Montréalais, je vois ce qui se passe […]. On va continuer à renforcer les lois, à renforcer les ressources qu’on donne aux services frontaliers et aux services policiers […] On travaille d’arrache-pied», a réaffirmé le ministre Lametti en réponse.
Pas de consensus?
S’il affirme que la question des armes est une «priorité» du gouvernement, M. Lametti souligne que la situation des armes de poing est un enjeu «qui est différent à travers le Canada». Des propos qui font écho à ceux de Pablo Rodriguez, député fédéral d’Honoré-Mercier. M. Rodriguez a réitéré la volonté fédérale de présenter un projet de loi qui permettrait aux provinces de légiférer sur les armes de poing, plutôt que d’imposer une interdiction pancanadienne.
On parle ici de la question des armes à feu, on parle des armes à feu, alors on n’est pas en train de parler d’un sujet comme je sais pas, la couleur des bancs, on parle ici d’un enjeu qui fait que des jeunes et des moins jeunes ont peur de se promener dans la rue […] c’est un enjeu de vie ou de mort dans certains cas, de la sécurité de nos quartiers.
Valérie Plante, mairesse de Montréal
Interrogée le soir de son assermentation, Valérie Plante juge cette réponse du fédéral «insatisfaisante» et elle s’attend à ce que le fédéral «prenne ses responsabilités». Pour la mairesse, s’il «n’y a pas de consensus», il faut parfois prendre des décisions même «si elles ne sont pas consensuelles quand il est question de l’intérêt public».
«Il y a un travail aussi qui doit être fait au niveau local, on ne peut pas juste attendre que le gouvernement du Québec ou du Canada légifère, on a un travail à faire auprès de nos jeunes […] Je m’attends à ce qu’on ait les ressources nécessaires en tant que Ville pour accompagnes ces jeunes», a déclaré Aref Salem, chef par intérim de l’opposition officielle. M. Salem entend travailler «avec l’administration» dans le dossier des gangs de rue et des violences par armes à feu.