Dès le 1er décembre, les 11 000 travailleuses syndiquées du CSN en CPE pourront entrer en grève générale illimitée «si les négociations avec le gouvernement ne débloquent pas d’ici là». Elles ont voté à 92,1% en faveur d’un arrêt de travail.
«En votant aussi massivement pour la grève et donc en acceptant de perdre des journées, voire des semaines de salaire, ces travailleuses déjà sous-payées viennent de dire au gouvernement qu’elles sont solidaires et qu’elles sont prêtes à se battre jusqu’au bout pour avoir une entente équitable pour l’ensemble des salarié.es», affirme la représentante de la division des CPE à la CSN, Stéphanie Vachon.
«Avec un tel résultat, le message est clair: le gouvernement peut essayer de taper sur la tête des syndicats tant qu’il veut, mais ultimement, ce sont les membres qui décident», estime-t-elle.
Négociations corsées
Québec offre une augmentation salariale de 20% aux éducatrices spécialisées, mais estime ne pas pouvoir faire de même pour les autres travailleuses en CPE, comme les responsables en alimentation et les adjointes exécutives. C’est là où le bât blesse dans les négociations. Ces salariées ne représentent que 15% de l’ensemble du personnel des CPE, argue le syndicat. Leur octroyer la même augmentation salariale constituerait simplement un investissement supplémentaire de 6 M$ pour le gouvernement.
«Pour un écart aussi négligeable, il est difficile d’interpréter le refus du gouvernement comme étant autre chose que de l’entêtement, dénonce la vice-présidente de la FSSS-CSN, Lucie Longchamps. Surtout que le gouvernement vient juste d’annoncer cinq milliards de dollars en nouvelles dépenses parce que ses coffres se regarnissent plus vite que prévu. Il semble y avoir de l’argent pour tout le monde, sauf pour les travailleuses des CPE.»
Pour le premier ministre François Legault, accorder ces augmentations semble impossible pour des raisons d’équité. «On a un devoir comme gouvernement de garder une certaine équité: une personne qui fait le ménage dans une école doit être payée le même salaire que quelqu’un qui fait le ménage dans un service de garde», a-t-il fait valoir en conférence de presse à Montréal vendredi.
D’autres enjeux créent la controverse à la table de négociations, comme le respect des ratios d’enfants par éducatrice, la rémunération du temps de préparation des dossiers et de la cuisine, ainsi que le nombre de semaines de vacances et de jours fériés.
Loi spéciale?
Il s’agit du deuxième groupe de syndiqués à brandir la menace d’une grève. La FIPEQ-CSQ avait également voté en ce sens récemment.
De l’autre côté des négociations, le gouvernement a déjà laissé planer la possibilité d’une loi spéciale. Elle forcerait les éducatrices et autres travailleurs en CPE à se rendre au travail.
«Je vais faire tous les efforts pour m’entendre, mais ça fait très certainement partie des outils qui sont disponibles», a indiqué jeudi la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. «Je suis impatiente pour les parents, et je suis vraiment désolée de ce qui se passe», ajoutait-elle du même souffle.