En approuvant en fin de journée le projet d’extraction pétrolière Bay du Nord, au large de Terre-Neuve, le gouvernement fédéral a essuyé une vague de critiques de la part des oppositions et des groupes environnementaux.
L’approbation du projet pétrolier survient seulement quelques jours après la diffusion du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Dans ce rapport, le GIEC souligne qu’il ne reste plus que trois ans pour plafonner les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Il incite les gouvernements à changer leurs «mauvaises habitudes», notamment par la réduction de l’utilisation des énergies fossiles.
Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeaut, qui appuie le projet, maintient que Bay du Nord se fera «sous réserve des conditions environnementales les plus strictes jamais imposées». N’empêche, il a essuyé une vague de critiques de la part de ses anciens alliés du mouvement écologiste.
La décision d’aujourd’hui représente un triomphe pour le type de politique qui ne fait qu’aggraver la crise climatique et la dépendance mondiale aux combustibles fossiles qui brûlent la planète.
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace
Pour Julia Levin, la responsable principale du programme climat et énergie chez Environmental Defence, approuver ce projet est «une gifle pour les climatologues, les communautés du Canada et du monde touchées par la crise climatique».
«La planète est en feu et la science est limpide. Approuver Bay du Nord est un autre pas vers un avenir invivable. La décision revient à nier que le changement climatique est réel et menace notre existence même», lance-t-elle.
Les partis d’opposition aussi
Les partis d’opposition, sauf le Parti conservateur, ont aussi lancé des attaques contre le gouvernement fédéral après l’approbation du projet pétrolier Bay du Nord. Selon le Nouveau Parti démocratique (NPD), le gouvernement Trudeau se range contre la science en distribuant «des milliards de dollars aux compagnies pétrolières et gazières». Le parti demande à Ottawa de changer de cap et d’investir plutôt dans les énergies vertes.
Cela montre exactement ce qui ne va pas avec ce gouvernement. Ils écoutent leurs copains du secteur pétrolier et gazier au lieu d’écouter les spécialistes du climat – et ce sont les Canadiennes et Canadiens, et nos communautés qui en paieront le prix.
Extrait d’un communiqué de presse du NPD
Le Bloc québécois affirme que le Canada «demeurera un État pétrolier» sous le Parti libéral. Pour le Bloc, cette décision montre que le plan de réduction des gaz à effet de serre des libéraux représente encore échec.
L’autorisation de Bay du Nord, un projet pétrolier d’un milliard de barils tirés à même l’océan, quelques jours à peine après le dépôt du plan de réduction des gaz à effet de serre de M. Guilbeault, sonne le glas de sa crédibilité comme ministre de l’Environnement.
Monique Pauzé, porte-parole du Bloc québécois en matière d’environnement