Les grands chefs et chefs du Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN), qui regroupe 22 Premières Nations, ont signé une entente avec Ottawa pour augmenter la réussite scolaire des élèves autochtones. Près de 1,1 G$ seront alloués sur cinq ans pour cette entente, qui entre rétroactivement en vigueur en avril 2022.
Au total, ce sont près de 5800 élèves issus de 22 communautés au Québec qui en bénéficieront. Une évaluation de sa performance sera effectuée à partir de 2027, pour de potentiels réajustements en vue de son renouvellement. Au total, 310,6 M$ sont issus du budget 2022 et s’additionnent à 790 M$ provenant d’autres programmes gouvernementaux.
Les représentants de 22 communautés autochtones ainsi que la ministre des Services aux Autochtones Patty Hajdu se sont réunis à l’École de survie de Kahnawake (Kahnawà:ke) pour la signature de l’entente élaborée par les communautés.
«Cette entente reconnaît que […] les Premières Nations sont les mieux placées pour diriger l’éducation de leurs enfants, a déclaré la ministre Hajdu. Vous aurez les prochaines générations d’élèves prêts à diriger.»
Augmenter la réussite scolaire
L’entente se donne pour objectif la pleine prise en charge des écoles par les communautés. Elle permettra aussi de développer un programme scolaire culturellement adapté pour augmenter la réussite des élèves et leur persévérance scolaire.
Au total, plus de 600 enseignants et spécialistes seront recrutés pour renforcer le système éducatif des Premières Nations. Les fonds alloués permettront aussi l’amélioration du système de transport scolaire.
«Nos stratégies seront les bonnes pour les accompagner dans la fierté, la culture et l’histoire, et, surtout, leurs langues ancestrales, a déclaré le directeur général du CEPN, Denis Gros-Louis. Les élèves vont poursuivre un parcours académique multidisciplinaire adapté à la vision de chacune des équipes scolaires chez elle et pour elle.»
La répartition du financement se fera en fonction des besoins de chaque communauté.
«Décoloniser» le système d’éducation
Pour le chef de Gesgapegiag, John Martin, cette entente marque une importante avancée dans le processus de réconciliation.
«Cela nous donne les outils pour décoloniser notre système d’éducation», a lancé le chef de Gesgapegiag.
L’entente signée aujourd’hui permettra notamment d’augmenter l’autodétermination des Premières Nations en leur laissant la liberté en matière d’éducation, et ce, en fonction des besoins propres à chaque communauté.
«On est en train de décoloniser nos façons de faire. C’est fondé sur un droit que nous nous reconnaissions, mais qui était loin d’être respecté par les gouvernements», a déclaré le chef Ghislain Picard.
Une entente face à la loi 96
Le chef Ghislain Picard a remercié le «plus précieux allié» qu’est Ottawa. La ministre Hajdu a reçu les inquiétudes des Premières Nations face à la loi 96. Elle a expliqué avoir fait part de ses préoccupations à son homologue provincial.
«Nous n’avons pas choisi notre colonisateur […] Nous avons eu à nous adapter pour les derniers siècles et décennies. Pourquoi sommes-nous les derniers à avoir le choix? a lancé le chef Picard. Il y a d’autres défis à venir.»
Pour la ministre Hajdu, cette entente contribue à l’autodétermination des Premières Nations et soutiendra la protection de leurs langues.
Le chef John Martin a rappelé que les Premières Nations sont le troisième partenaire dans la Constitution canadienne. Il a rappelé que les droits linguistiques font partie des droits constitutionnels.
«Quand une langue tend à dominer, c’est une pratique coloniale», a soutenu le chef John Martin.