La forêt québécoise se porte bien, mais pas l’industrie chargée de l’exploiter, conclut une note de l’Institut économique de Montréal (IEDM), publiée jeudi.
Le couvert forestier a légèrement augmenté au Québec depuis 1979 et la surface d’aires protégées a été multipliée par 3 depuis 15 ans, indiquent les auteurs de la note économique, Jasmin Guénette et Pierre Desrochers. Aujourd’hui, «la presque totalité de la forêt publique québécoise est exploitée selon les normes rigoureuses des certifications FSC, CSA et SFI, qui garantissent des pratiques de gestion durable», ajoutent-ils
Selon ces derniers, il n’en va pas de même pour l’industrie. «Le comité chargé d’établir un bilan de la première année de mise en oeuvre du nouveau régime forestier a récemment mis en lumière son efficacité douteuse en soulignant le manque de communication de la part des organismes gouvernementaux concernés et le manque de transparence dans le processus de mise en marché du bois. Des groupes d’exploitants ont quant à eux déploré l’augmentation des coûts d’exploitation et des délais d’opération, ainsi qu’une duplication des tâches», écrivent les auteurs.
S’appuyant notamment sur des études du ministère des Ressources naturelles au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les auteurs de l’étude clament enfin que des activités peuvent avoir lieu dans l’habitat du caribou sans menacer l’espèce. Là-bas, le troupeau aurait doublé entre 1999 et 2012, même si 70% du territoire est perturbé par des opérations forestières.
De son côté, Greenpeace estime que seulement 5% des forêts publiques sont protégées au Québec et que 90% du territoire alloué à l’industrie forestière a déjà été coupé ou fragmenté. «En déroulant le tapis rouge pour les coupes à blanc dans les dernières forêts vierges du Québec, la dégradation des écosystèmes forestiers se poursuit sous nos yeux, menaçant des espèces comme le caribou forestier et ignorant les droits des Premières Nations», déclarait un peu plus tôt cette année, Nicolas Mainville, directeur de Greenpeace Québec.
Selon Greenpeace, l’avenir de la foresterie passe par des pratiques plus durables, la diversification des produits forestiers et la mise en valeur de tout ce que la forêt a à offrir. «Granules provenant de résidus industriels pour le chauffage local, huiles essentielles, petits fruits, plantes médicinales, résines, solvants, gastronomie et matériaux de pointe ne sont que quelques exemples de ce qu’offre une forêt bien gérée», écrivait récemment M. Mainville, qui opposait ce modèle à celui des «cravates de Montréal ou Wall Street».
Le directeur de Greenpeace Québec vise notamment les pratiques de la multinationale Resolu, accusée par les écologistes de ne pas obtenir le consentement des Premières Nations, et de ne pas protéger adéquatement les vieilles forêts. Des affirmations que dément l’entreprise, qui poursuit Greenpeace pour 7M$.