Si l’inflation étouffe les citoyens, elle bénéficie au gouvernement provincial selon le rapport préélectoral de la vérificatrice générale (VG), Guylaine Leclerc, qui souligne que le déficit prévu de Québec pour 2022-2023 s’élèverait à 700 M$. C’est bien en deçà du trou 6,45 milliards de dollars initialement prévu par le gouvernement Legault.
La vérificatrice générale (VG) a déposé un rapport concernant l’état financier de la province lundi matin. Selon son analyse, la hausse des revenus autonomes du gouvernement du Québec, principalement due à l’inflation, effacera pratiquement l’entièreté de son déficit, et des surplus sont même à prévoir pour les années à venir.
En termes de revenus de l’État, toutes les prédictions déposées par le ministère des Finances sont revues à la hausse. Les revenus autonomes de Québec seront plus élevés de 4,7 G$, tandis que les sociétés d’État engrangeront 579 M$ de plus.
Les citoyens payeront 2,3 G$ de plus en impôts que les prédictions du ministre. Les entreprises paieront 1 G$ de plus. Cela s’explique notamment en raison de la «forte progression des salaires». Rappelons que l’impôt des citoyens constitue 38% de l’ensemble des revenus autonomes du gouvernement provincial.
En ce qui concerne les taxes, Québec empochera 639 M$ de plus que prévu. «Le choc inflationniste y est pour beaucoup», a expliqué Mme Leclerc en conférence de presse. La performance des entreprises et des sociétés d’État ne justifie donc pas les hausses prévues.
Alternative pessimiste
Les prédictions s’avèrent positives, mais le contexte économique présente toujours un «niveau d’incertitude très élevé», rappelle la VG. Dans le contexte actuel, la VG propose au gouvernement d’inclure des provisions pour risques à ces exercices des prochaines années. Ces sommes pourraient s’élever à 2 G$ pour 2023-2024, et à 1,85 G$ pour 2024-2025.
À l’échelle mondiale, l’inflation crée un resserrement des politiques monétaires, rappelle la vérificatrice générale. Cela pourrait affecter le Québec, de même que la guerre en Ukraine. Aussi, le gouvernement pourrait avoir de la difficulté à dépenser dans certains secteurs en raison de la pénurie de main-d’œuvre, prédit-elle.
Somme toute, les prévisions du ministre Girard sont «plausibles», conclut Mme Leclerc. Mais en raison du risque de récession, diverses alternatives auraient dû être présentées par Québec. Elle aurait aimé voir un scénario optimiste, un réaliste et un pessimiste.
Cela aurait permis «d’estimer l’incidence potentielle de la matérialisation des principaux risques actuels sur les perspectives économiques et sur le cadre financier», écrit-elle.
Il est du mandat du ministère de présenter un rapport sur l’état des finances du Québec avant la tenue des élections depuis 2015. Ce rapport doit ensuite recevoir le sceau d’approbation de la VG.
Ces données aident ensuite les partis à établir leurs plateformes électorales. Il sera de leur ressort de diminuer les services, ou d’augmenter la dette par exemple en fonction de leur perception.