Les thrillers fantastiques réalisés au Québec ne courent pas les rues. Après l’excellent Les affamés, c’est au tour d’Origami, qui prend l’affiche vendredi, de jouer avec les codes du genre d’une façon qui risque d’étonner.
«C’est un défi de parler de ce film-là, lance d’emblée sa vedette François Arnaud. Il y a des surprises, des révélations. Moins on en dit, et mieux c’est.»
À la fois œuvre à voyager dans le temps à la 12 Monkeys et tragédie familiale dans la pure tradition du septième art québécois, le long métrage, qui a été présenté à Fantasia l’été dernier, cultive volontairement le mystère, l’ambiguïté.
«C’est un drame psychologique déguisé en film de science-fiction, ose révéler son interprète principal. Et ça, c’est un défi qui n’est pas nécessairement facile à relever. Surtout aujourd’hui, alors qu’on a l’impression qu’il faut vendre un produit, que tout le monde doit savoir ce qu’il va voir avant d’y aller, sinon il ne prend pas de risques.»
«Il faut parier sur le fait que les gens sont capables d’accepter d’être perdus et de ne pas savoir nécessairement où ils s’en vont.» – François Arnaud, héros d’Origami.
Le scénario écrit par André Gulluni (Roche, papier, ciseaux) et Claude Lalonde (10 1/2, Les 3 p’tits cochons) s’apparente à un véritable casse-tête, déconstruisant la réalité déjà morcelée d’un héros qui a des trous de mémoire et qui semble vivre à la fois dans le passé, le présent et le futur. Lorsque le sol s’ouvre sous ses pieds, il finit par perdre ses repères…
«J’essaie de placer le spectateur dans la même position que le personnage, explique son réalisateur Patrick Demers (Jaloux).
L’histoire est racontée suivant sa perspective. On vit ce qu’il vit, on est perdu et surpris comme lui».
«Une des choses intéressantes au cinéma, c’est la possibilité de t’identifier à un personnage que, dans la vraie vie, tu jugerais, qui pourrait être antipathique. Mais au cinéma, tu peux comprendre c’est quoi d’être dans ses souliers.»
Ensemble c’est mieux
Pour son suspense Jaloux, Patrick Demers arrivait sur le lieu de tournage et cherchait avec ses acteurs l’essence même de l’histoire. Une liberté d’improviser qu’il n’a pas eue pour Origami, dont le script très structuré a été écrit par deux scénaristes.
«J’ai pris ça comme un défi, admet-il. Je me suis ennuyé de ma façon de travailler, c’est sûr. J’ai quand même gardé mon ouverture avec les comédiens. J’ai changé beaucoup de dialogues, j’en ai coupé beaucoup aussi. Pour se le mettre en bouche, pour y croire, pour trouver des raccourcis aussi… Mais je crois au fait que, quand il y a plusieurs personnes qui passent sur un scénario, ça donne peut-être plus de valeur qu’un seul dans son coin. Le cinéma est vraiment une œuvre collective.»
En salle dès vendredi