Culture

XOXO dévoile l’hypocrisie de notre communauté culturelle

XOXO

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Mercredi, c’était sur toutes les lèvres (ou presque) quand TVA dévoilait la première émission de sa nouvelle télé-réalité XOXO, une réponse artificielle et maladroite à Occupation double maintenant chez le compétiteur à V.

Sous une promesse de révolution de la télé-réalité, l’émission montrait ses couleurs à son auditoire lors du gala de présentation des candidats et candidates. Sans surprise, ça ne vole pas très haut. C’était pas mal à la hauteur des attentes quand, dans la prémisse du projet, on avait plutôt l’impression de lire une liste de mots-clés à la mode au sein des entreprises pour parler aux mythiques millenials qui font saliver les publicitaires de ce monde.

Imaginez un grand tableau blanc dans une salle de conférence avec des mots écrits en grosses lettres au feutre rouge: «Instagram, Likes, Buzz, YouTube, Influenceur, Snapchat, Glam, Followers».

Mal de tête assuré.

Ceci dit, XOXO ne réinvente pas la roue et des émissions maladroites sur nos écrans, je peux vous en nommer des dizaines. Ce que XOXO accomplit, par contre, c’est d’être le bouc émissaire de la saison pour tous nos critiques culturels, télévisuels et ceux qui commentent l’actualité artistique sur de nombreuses tribunes.

Rire de XOXO sera aussi convenu que dire qu’il fait froid l’hiver. Comme Célibataires et nus il y a quelques saisons, personne ne se dressera en faux quand un critique s’amusera à rire des participants de XOXO. Une cible facile, voire même un dîner de cons pour la petite communauté culturelle du Québec.

C’est mignon, mais ça en dit long sur l’hypocrisie de plusieurs de ces commentateurs qui, normalement, n’osent pas se mouiller pour ne pas froisser les gens.

Prenons l’exemple du dernier film de Xavier Dolan, The Death and Life of John F. Donovan. Après sa projection à Toronto au TIFF, les critiques du Québec s’entendaient pour dire que ce n’était pas son meilleur film, mais sans plus. On y allait du bout des pieds. Puis, le site The Guardian a largué sa critique: une étoile sur cinq. Après coup, j’ai entendu sur les ondes de notre radio d’état un/e critique revenir sur sa position et confirmer qu’il s’agissait en effet d’un navet. Mais, sa critique initiale reflétait un désir de ne pas nuire à un créateur d’ici, un «ami» dans notre petite famille artistique.

C’est noble comme intention, mais c’est un brin inquiétant quand ta critique culturelle est achetable dans la mesure où une entrevue de temps en temps et des invitations à des premières suffisent à obtenir une critique neutre, au pire, et élogieuse la plupart du temps.

Perso, ça m’inquiète pas mal plus que de voir une production faisant l’éloge du vide comme XOXO en ondes parce que contrairement à la télé-réalité de TVA, nos critiques sont consultés et lus pour leur crédibilité – crédibilité qui est pas mal flexible quand on gratte un peu.

J’ai cité le dernier film de Xavier Dolan, mais on pourrait relever l’absence de critiques négatives à l’endroit du dernier Denys Arcand qui, n’ayons pas peur des mots, était un film agressivement insultant pour notre intelligence.

Alors, ne soyez pas surpris de lire de multiples critiques négatives à l’endroit de XOXO, c’est le vilain petit canard de l’automne, comme si notre communauté s’alliait dans la cour d’école pour faire la vie dure à un élève qui porte des broches, par exemple. Ainsi, nous oublierons d’apposer un regard critique sur d’autres productions parce qu’il ne faut pas froisser nos amis – ou plutôt, il ne faut pas mordre la main qui nous nourrit.

Je ne sais pas pour vous, mais je préfère la culture du vide de XOXO à la culture du silence de notre communauté critique.

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