Un mois avant la présentation de Shutter Island à Berlin, Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese se sont arrêtés à l’hôtel Bristol de Paris, tout près de L’Élysée. Tout en fumant un cigare qui, selon toute apparence, avait coûté les yeux de la tête, Leo s’est entretenu avec Métro de sa relation avec le maître cinéaste et de son rôle dans l’adaptation d’un roman de Dennis Lehane. Celui-ci raconte l’histoire d’un policier qui doit se rendre sur une île fortifiée au large de Boston pour enquêter sur la disparition d’une patiente d’un hôpital psychiatrique logeant de dangereux criminels.
Est-ce que Martin Scorsese vous a fait regarder plusieurs films pour vous préparer à jouer dans Shutter Island?
Nous en avons regardé un si grand nombre! Par exemple, Laura d’Otto Preminger, Out of the Past de Jacques Tourneur, mais celui qui a le plus influencé la relation que peut avoir un public avec un détective obsédé par une cause est Vertigo d’Hitchcok. Dans ce film, on ne sait plus différencier le rêve de la réalité, la fiction de la vérité. C’est aussi le cas dans Shutter Island : tous ces aspects s’entrecroisent. Je ne veux pas trop en dire sur le scénario, mais je peux affirmer que c’est un film sur un mec qui doit faire face à la vérité, seul.
Était-ce un rôle complexe à interpréter?
En fait, j’ai interprété mon personnage de plusieurs façons différentes parce que nous savions que, lorsque ce serait le temps du montage, nous aurions une tout autre perspective. Tout le film est réalisé avec différents niveaux, c’est comme un casse-tête, ce qui confondait un peu les acteurs. Au final, c’est le montage de pro de Marty qui permet au public de suivre le personnage dans les différentes séquences.
Certaines scènes sont très intenses. Était-ce parfois pénible à tourner?
Je ne peux pas vraiment parler de scènes précises, donc je m’exprimerai de façon générale. Parce ce que le scénario est une version condensée du livre, j’ai dû regrouper une série d’événements traumatisants. Je m’étais très bien préparé à jouer mon personnage, mais je n’étais pas certain du moment où toute cette émotivité devait sortir. Pour moi, c’était vraiment un processus de découverte, et nous devions toujours pousser, pousser et pousser plus loin.
Scorsese vous aime bien parce qu’il trouve que vous êtes un acteur courageux. Qu’est-ce que le courage pour vous?
Dans le métier d’acteur? Ouh la… (pause). Je trouve que plusieurs acteurs sont courageux. J’ai toujours pensé que c’était grâce au réalisateur. C’est lui qui guide l’acteur pour ne pas qu’il soit complaisant ou trop sentimental.
Et vous sentez-vous chanceux de travailler avec Scorsese?
Bien sûr que je me sens privilégié! C’est un cadeau de pouvoir marcher sur un plateau de tournage avec lui. J’ai hâte à chaque fois. Qui sait s’il y en aura d’autres? Nous verrons. Jusqu’ici, ça a été une grande partie de ma vie et une expérience très enrichissante. J’admire son amour et sa passion honnête du cinéma en tant que septième art. C’est un vrai artiste. Quand je l’ai rencontré, c’était la première personne à me faire voir le cinéma comme une forme d’art, telles que la peinture et la musique.
Vous sentez-vous à la maison lorsque vous tournez des films avec lui?
J’ai joué mon premier rôle avec Robert De Niro et… Non, en fait mon premier rôle a été dans Critters 3! (Il rit) Mon premier rôle important était dans This Boy’s Life avec De Niro. Je me souviens qu’on a regardé tous les films de Scorsese. Alors, quand j’ai finalement rencontré Marty en 2002, je connaissais déjà très bien son Å“uvre. Je rêvais de jouer dans un film de ce genre. C’est une expérience en or de pouvoir travailler avec un cinéaste qu’on admire.
Allez-vous jouer Sinatra pour Scorsese?
En ce qui me concerne, rien n’a encore été planifié. Je sais qu’il y a un scénario, mais je ne sais pas s’il va le faire un jour et si c’est moi qu’il choisira pour jouer dedans. Nous en avons parlé et je sais que Frank Sinatra est une icône culturelle pour lui et que la communauté italo-américaine le fascine.
Shutter Island
En salle dès aujourd’hui
Encore une fois
Après Gangs of New York, The Aviator et The Departed, Shutter Island marque la quatrième collaboration entre Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio en huit ans. Et même après tout ce temps à travailler avec le réalisateur, l’acteur de 35 ans parle toujours de son patron avec vénération. «J’ai grandi dans ce milieu, dit-il. En tant que jeune acteur, j’aurais été fou de ne pas sauter sur la chance de travailler avec quelqu’un que je considère, et que plusieurs considèrent, comme l’un des meilleurs réalisateurs de notre époque.»
Ces bons sentiments
semblent réciproques puisque Scorsese est prompt à faire l’éloge de son protégé. «J’ai vu un jeune homme se transformer en un acteur merveilleux, raconte-t-il. Je suis très heureux d’avoir été témoin de l’épanouissement de son talent.»
Ned Ehrbar/Metro world news