Culture

Leaving Neverland: Un roi déchu et ses victimes

Michael Jackson, en 2005. Le documentaire Leaving Neverland est aussi disponible sur les plateformes numériques HBO et Crave TV. Photo: Getty

Gregory Wakeman - Metro World News

Michael Jackson était un pédophile dangereux, qui usait de méthodes, trompeuses pour abuser de ses jeunes victimes. C’est le triste portrait dressé par Dan Reed, réalisateur du documentaire en deux parties Leaving Neverland, diffusé dimanche et lundi sur HBO.

Reed a passé trois ans à travailler sur ce documentaire, interviewant pendant des jours deux victimes alléguées du roi de la pop, Wade Robson et James Safechuck, en plus de rencontrer plusieurs membres de leurs familles et de mener sa propre enquête pour corroborer leurs dires.

«Je ne connais aucune mère qui accepterait de dire devant des millions de téléspectateur “J’ai livré mon fils aux griffes d’un pédophile et il l’a violé à répétition sous mon nez” simplement pour extorquer un peu d’argent aux héritiers du clan Jackson», soutient Reed pour établir la véracité des témoignages recueillis.

Leaving Neverland s’intéresse à la façon dont Michael Jackson est parvenu à convaincre des parents de laisser leurs enfants passer autant de temps avec lui, voire de partager sa chambre à coucher.

«La célébrité aveugle et contient des pièges, explique le réalisateur anglais. On ne parlait pas beaucoup de pédophilie à l’époque. C’était une époque plus naïve. Nous sommes devenus plus méfiants depuis ce temps. Sûrement pour le mieux.»

«On ne peut pas bien expliquer pourquoi Michael a fait ces choses. Ce n’est pas comme s’il était dirigé par une force qu’il ne pouvait contrôler et qu’il avait commis une ou deux indiscrétions. C’était un pédophile de carrière, je crois.»

«Il a abusé de Wade par intermission pendant sept ans. Pour James, ç’a duré cinq ans. Je pense qu’il a fait beaucoup d’autres victimes. Il était très organisé. Dès l’âge de 7 ans, Wade a été entraîné à se rhabiller rapidement, en plus de recevoir des indications sur ce qu’il devait dire si des détectives lui posaient des questions.»

Le cinéaste est bien conscient de l’horreur qui se dégage de Leaving Neverland, dans lequel Robson et Safechuck décrivent en détail les activités sexuelles auxquelles Jackson les a forcés. Mais selon lui, ces témoignages étaient nécessaires.

«Dès le départ, nous avons dit à James et Wade : “On ne peut pas cacher ce genre de choses. On doit révéler les faits.” Il fallait établir qu’il s’agissait bel et bien d’abus sexuels, et pas seulement d’attouchements inappropriés. Ce n’était pas innocent. C’était le genre de pratiques qui ont lieu entre adultes. Mais c’était fait à un enfant. Et ça s’est produit encore, encore et encore.»

La famille Jackson a attaqué rapidement le film, qui dure près de quatre heures, insistant pour dire que Robson et Safechuck avaient fait leurs déclarations pour obtenir de l’argent.

Les ayant-droits de Michael Jackson ont déposé la semaine dernière une plainte pour diffamation à l’encontre de HBO pour les propos tenus dans le film de Dan Reed. Ils réclament 100 M$US (130 M$) en dommages et intérêts.

D’autres ont critiqué le documentaire en disant qu’il ne montrait qu’un point de vue.

«Je me suis assuré d’inclure dans le film les démentis de Jackson et les affirmations soutenant son innocence. Toutes les accusations d’abus sexuels envers des enfants ont été niés catégoriquement. Et la sortie publique de Wade, en 2013, a été remise en question par plusieurs personnes. C’est faux de dire qu’on ne présente qu’un côté des choses.»

«Nous ne faisons aucune allégation contre la famille Jackson ou ses héritiers. Il n’y avait donc aucune raison pour inclure leurs réfutations. Nous parlons de gestes commis en présence de deux personnes. Et aujourd’hui, l’une de ces personnes [Jackson] est morte. Si c’était un dossier criminel devant la cour, je considère que James et Wade et leurs familles seraient des témoins convaincants.»

Articles récents du même sujet

Exit mobile version