Après l’achat du distributeur québécois Alliance Films par Entertainment One (eOne) plus tôt cette année, l’événement Ciné-Québec, qui réunit tous les partenaires de l’industrie du cinéma d’ici, était l’endroit tout indiqué pour discuter de cette transaction.
Assister au traditionnel Ciné-Québec qui se déroule chaque début d’année n’est pas seulement l’occasion idéale pour découvrir les projets cinématographiques québécois qui prendront l’affiche au cours des 12 prochains mois, que ce soit l’animation en 3D La légende de Sarila de Nancy Florence Savard, l’intrigant Amsterdam de Stéfan Miljevic, le prometteur Cyanure avec Roy Dupuis ou la très attendue coproduction An Enemy de Denis Villeneuve.
C’est également le moment de prendre le pouls du milieu, quelques semaines à peine après l’acquisition d’Alliance Films par eOne, qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de susciter des questions.
C’est possiblement Xavier Dolan qui a le mieux résumé la situation. «Je pense que tout le monde est un peu en mode attente, avoue le cinéaste, qui offrira le thriller psychologique Tom à la ferme avant la fin de l’année. Les gens attendent d’en savoir un peu plus, de voir quelles vont être les nouvelles lignes directrices. Mais moi, j’ai espoir que l’équipe d’Alliance demeure en fonction telle qu’elle est… D’un point de vue nostalgique, le logo d’Alliance est dans tous les films de mon enfance. De voir ça se métamorphoser, c’est quelque chose d’heureux et de malheureux à la fois.»
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Achat d’Alliance des changements à prévoir?
En attendant d’en savoir davantage, les artisans continuent comme avant.
«Dans ma tête, je deale avec Alliance, explique Podz (photo), qui prépare Miraculum, un film choral qui mettra notamment en vedette Xavier Dolan, Anne Dorval et Claude Legault. Tout semble être comme avant. J’ai fait trois films avec Alliance, et ce sera le quatrième. Tout semble pas mal correct. Mais je ne sais pas comment ça va se transformer dans l’avenir.»
Pour le producteur Roger Frappier, cette acquisition ne changera rien à ses activités. Il s’attend même à ce que cela profite au remake anglophone de La grande séduction, que le metteur en scène Don McKellar a mis en chantier avec les comédiens Brendan Gleeson et Taylor Kitsch dans les rôles principaux. «Étant donné que eOne a des compagnies sœurs en Angleterre et en Espagne, je pense que ça va aider à asseoir le film plus rapidement à l’international.»
Les prochains mois risquent donc d’être très intéressants, et pas seulement sur le plan cinématographique. «C’est sûr que quand il y a un seul distributeur, au bout du compte, on peut se poser des questions, affirme Benoît Gouin, qui sera, avec Macha Grenon, de la distribution de Premier amour de Guillaume Sylvestre. Mais j’ose croire qu’Alliance demeurera très fort dans sa façon de faire les choses au Québec. Et qu’il va quand même avoir une certaine marge de manœuvre à l’intérieur de la machine eOne.»
