Une équipe de négligés en quête d’un championnat, une ancienne gloire à la recherche de rédemption et un jeune héros sur le point de réaliser ses rêves: Les barbares de La Malbaie a tout pour être un drame sportif classique. Pourtant, le deuxième film de Vincent Biron nous amène ailleurs.
Ancienne gloire du hockey junior, Yves Tanguay (Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques) s’accroche à son rêve de jouer dans la grande ligue malgré une blessure sérieuse et une attitude pour le moins discutable.
Lorsque son équipe amateur, lesdits Barbares, se qualifie sans lui pour le championnat canadien à Thunder Bay, il met le cap sur la «New York de l’ouest de l’Ontario [sic]» pour rejoindre ses coéquipiers et remettre sa carrière sur les rails. Contre l’avis de son coach et de son médecin, évidemment.
Il entraîne avec lui son cousin et agent Jean-Philippe (Justin Leyrolles-Bouchard), qui, du haut de ses 16 ans, rêve de quitter La Malbaie pour devenir le prochain Pat Brisson. Ce road trip, qui nous amène dans des endroits aussi exotiques que Maskinongé et Val-d’Or, permettra à JP de découvrir le vrai visage de son idole. Quitte à être amèrement déçu…
Comme Mike Ribeiro dans ses belles années, les scénaristes Éric K. Boulianne, Marc-Antoine Rioux et Alexandre Auger nous servent une feinte après l’autre dans cette comédie à l’humour pince-sans-rire.
«C’est ce qui m’a séduit dans ce scénario, explique Vincent Biron (Prank). Ça s’appelle Les barbares de La Malbaie, mais ce n’est pas vraiment sur l’équipe. Ça annonce un film de hockey, mais ça va dans une autre direction. Il y a une fille (Maureen, excellente Erin Carter, observatrice discrète du duo JP-Yves) qui arrive dans le récit, mais personne ne couche avec. Les scénaristes ont eu l’intelligence de ne pas verser dans la facilité. Il est en effet facile d’aller vers les lieux communs, mais ce scénario bifurque beaucoup.»
«Je dirais que, 97 % du temps, la vie d’un joueur ne se passe pas sur la patinoire. Les drames se vivent à l’extérieur. C’est une façon plus subtile de parler du hockey, d’une carrière à venir et d’une carrière défaite», ajoute Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, en faisant référence aux pérégrinations d’Yves et JP dans cette «périphérie du hockey».
«J’ai tellement peur de la réception que je me calme les nerfs avant de regarder Rémy Girard dans les yeux et de dire qu’on est dans la même gang.» Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, qui n’assume pas totalement son appartenance à la confrérie des comédiens, lui qui interprète pour la première fois un rôle dramatique au grand écran.
Ce voyage initiatique révèle aussi le côté immature d’Yves, trentenaire aux allures d’adolescent attardé, lâche, menteur, voleur et alcoolo sur les bords.
Une figure rebutante à première vue, mais auquel JP (et les spectateurs!) reste profondément lié.
«C’était un enjeu d’en faire un personnage attachant et c’est en grande partie pourquoi j’ai choisi Philippe-Audrey pour le rôle. C’est quelqu’un d’assez doux. Il a une belle candeur et n’a pas un naturel particulièrement sombre, estime Vincent Biron. Je trouvais intéressant d’employer quelqu’un qui a cette texture humaine pour adoucir le côté un peu rough d’Yves. Ça aurait été facile d’en faire quelqu’un de vraiment sombre.»
Une nuance de plus à ajouter aux statistiques des Barbares de La Malbaie, qui oscille souvent entre la comédie et le drame.
«J’aime les films complets, les films qui vont nous faire rire et pleurer, conclut le réalisateur. On avait envie d’explorer toutes les émotions. Même si on essaie de s’éloigner de la formule, c’est un film généreux.»