Le Musée des Beaux-arts de Montréal (MBAM) a montré la porte à sa directrice et conservatrice en chef Nathalie Bondil, lundi.
En poste depuis 2007, Mme Bondil était l’objet de critiques à l’interne allant jusqu’à des allégations de harcèlement psychologique. Selon une enquête du Devoir, elle aurait contribué à créer un climat de travail «toxique» au sein de l’institution.
Mis au fait par le syndicat des employés l’automne dernier, le conseil d’administration a mandaté une firme externe pour faire la lumière sur la situation.
«Depuis l’an dernier, le Musée a vu plusieurs départs d’employés clés et a été mis au courant de témoignages troublants d’employés faisant état d’une détérioration évidente du climat de travail», peut-on lire dans un communiqué envoyé aux médias lundi.
«Il est triste de constater que le visage humaniste du Musée instauré par madame Bondil ne trouvait pas écho à l’intérieur même de ses murs. Cette décision était donc devenue nécessaire au nom des intérêts supérieurs du Musée.» – Michel de la Chenelière, président du C.A. du MBAM
«Il était donc de notre devoir de faire toute la lumière sur les différentes rumeurs qui circulaient à l’intérieur comme à l’extérieur du Musée. Vu la gravité des faits rapportés, notre engagement envers les employés qui véhiculent quotidiennement les valeurs du Musée était sans équivoque», a déclaré Michel de la Chenelière, président du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal.
«Inflexibilité»
Le communiqué évoque «l’inflexibilité» de madame Bondil à trouver des solutions aux faits reprochés et à son déni de plusieurs conclusions «pourtant sans appel» du rapport de la firme externe.
«Les allégations de harcèlement psychologique au sein de la direction de la conservation du Musée persistent», a admis l’institution.
Pour alléger ses tâches, le conseil d’administration du Musée a créé un poste de directrice de la conservation qui a été confié à Mary-Dailey Desmarais (membre de l’une des plus importantes familles donatrices du musée), et ce, sans l’accord de Nathalie Bondil.
Cette dernière aurait critiqué le processus d’embauche de Mme Desmarais.
Selon le conseil d’administration, Mme Bondil aurait aussi refusé toute proposition d’arrangement permettant d’assurer «une transition harmonieuse» d’ici la fin de son contrat, prévue pour 2021.
«Nous aurions souhaité que ces discussions mènent à une entente cordiale et constructive entre les parties, mais nous constatons aujourd’hui, à la lumière des propos et de la réaction de madame Bondil, que cela ne sera pas possible. Il est regrettable qu’une association remarquable de plus de 21 années entre le Musée et madame Bondil se termine de cette manière», a indiqué Michel de la Chenelière.
L’intérim sera assuré par le comité exécutif du conseil d’administration. Un processus de recrutement à l’international sera lancé pour trouver un remplaçant à Nathalie Bondil.
Métro n’a pas été en mesure de joindre Mme Bondil.
Âgée de 53 ans, la diplômée de l’École du Louvre est entrée au MBAM en 1999.
Une pétition et des appuis
Se disant «extrêmement» préoccupé par la situation au MBAM, Thomas Bastien, ancien directeur à la santé et au mieux-être du musée, a lancé une pétition demandant la tenue d’une assemblée extraordinaire des membres.
Les signataires demandent notamment la réalisation d’un audit externe, en collaboration avec le ministère de la Culture, afin de faire la lumière sur le climat de travail et la gouvernance du conseil d’administration.
Par ailleurs, une vingtaine femmes du milieu des affaires et de la philanthropie ont publié jeudi une lettre ouverte dans laquelle elles offraient leur appui à Nathalie Bondil.
«Elle est une gestionnaire visionnaire dont la compétence a été démontrée au cours des années. Son congédiement nous apparaît irrationnel à la lumière de sa feuille de route extraordinaire», peut-on lire dans la lettre envoyée aux trois paliers de gouvernement.
«La ville de Montréal, le Québec et le Canada subiront une perte inestimable avec le départ de Madame Bondil. Nous souhaitons que la situation soit revue et corrigée (…).»