L’ex-directrice générale et conservatrice en chef du Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM) Nathalie Bondil conteste les raisons de son «brusque renvoi» par le C.A. de l’institution.
Au micro de Tout un matin mardi, elle a attribué son congédiement au «processus irrégulier» d’embauche pour le poste de direction de la conservation et non au climat de travail «malsain» du musée dénoncé par certains employés et ex-employés.
Lundi, le conseil d’administration du MBAM a justifié le renvoi de Mme Bondil par son «inflexibilité» à vouloir régler les problèmes d’harcèlement psychologique qui régnaient entre les murs de l’institution.
La principale intéressée s’est dite étonnée de ces allégations. «On n’a pas eu de plainte officielle ni quoi que ce soit au comité de direction», s’est-elle défendue mardi.
Nathalie Bondil reconnait que l’expansion du MBAM dans les dernières années, notamment la mise en place de l’aile des Arts du Tout-Monde l’été dernier, a créé «beaucoup de pression» et de «fatigue» chez les employés.
Elle assure cependant avoir «agi immédiatement pour mieux harmoniser cette croissance du musée».
«Une personne en particulier a généré des reproches, et c’est ce sur quoi on a travaillé. Dès qu’on a été saisi de cette pression, de cette fatigue, tout le comité de direction a voulu agir pour améliorer ces questions de diagnostics de climats malsain.» -Nathalie Bondil
C’est d’ailleurs pourquoi le C.A. du musée a mandaté une firme externe pour faire la lumière sur la situation l’automne dernier. Un «diagnostic de climat de travail» a été reçu le 28 février. «On était tout à fait d’accord pour prendre les recommandations», souligne Nathalie Bondil.
Parmi ces recommandations : alléger les tâches de la directrice. D’où la décision d’ouvrir un poste à la direction de la conservation. «C’était une excellente chose», soutient Mme Bondil.
«Parce que tu me picosses»
Voilà où le bât blesse, selon l’ex-directrice, qui estime que la vraie raison de son congédiement est sa contestation du «processus irrégulier» qui a mené à la nomination de Mary-Dailey Desmarais – membre de la famille Desmarais, important donateur du musée – à ce poste.
Cette démarche d’embauche n’a pas été faite «en suivant les critères et cheminements qui avaient été donnés, déplore-t-elle. Cela a suscité beaucoup de questionnements.»
Elle reproche au président du C.A. du MBAM, Michel de la Chenelière – qui assurera l’intérim de la direction du musée jusqu’au remplacement de Nathalie Bondil – d’avoir voulu faire «passer en force» la nomination de Mme Desmarais, alors que «le comité de direction avait proposé d’autres possibilités.»
Nathalie Bondil rapporte par ailleurs avoir appris son renvoi en se rendant au domicile du président du C.A le 6 juillet dernier.
«Il m’a dit qu’il mettait fin à mon contrat. J’étais très étonnée. Je lui ai demandé les raisons, et il m’a dit [qu’il s’agissait d’un] bris de confiance. “Parce que tu me picosses”.» -Nathalie Bondil
Nathalie Bondil se dit préoccupée pour l’avenir du MBAM.
«C’est le temps de s’interroger sur la gouvernance du musée, savoir comment ça fonctionne. C’est quand même un musée qui reçoit énormément de fonds publics. L’opacité dans laquelle il est géré à l’heure actuelle peut poser question.»
Une pétition circule actuellement pour demander la tenue d’une assemblée extraordinaire de ses membres. «Ça permettra probablement de jeter la lumière sur plusieurs de ces aspects, a dit Nathalie Bondil. Je l’espère en tout cas, parce que c’est une institution que j’adore.»