Une équipe de chercheurs a recensé 845 initiatives culturelles nées au Québec pendant la pandémie de coronavirus dans le cadre d’un projet de recherche.
Dès le début du confinement en mars dernier, les artistes ont trouvé mille et une façons de continuer à diffuser leur art à travers internet et les réseaux sociaux ou même sur leur balcon.
Au cours des derniers mois, nous avons tous écouté leurs performances, assis sur notre canapé, les yeux rivés sur notre écran.
L’idée de ce projet de recherche sur l’évolution du secteur culturel est venue du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ).
Trois chercheurs ont pris la direction de ce projet: Hervé Guay, professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Sandria Boulianne, professeur à l’Université Laval et Patrick Leroux professeur à l’Université Concordia.
«C’est essentiellement un recensement détaillé de tout ce qu’on trouve, de tout ce qu’on voit […] pour bien comprendre ce moment historique», explique Patrick Leroux, co-chercheur du projet.
La dernière fois que la vie culturelle s’est arrêtée, «ça remonte à la pandémie [de la grippe espagnole] de 1918», relate le chercheur.
Garder une trace
Il était indispensable selon lui de garder des traces de la mutation de la vie culturelle pendant la pandémie de coronavirus et de «comprendre ce qu’il se passe».
«Il y a eu tout un mouvement essentiellement de mise en ligne de contenus qui était extraordinaire au début. En même temps, on en est venu à se poser la question: est-ce qu’on est en train de dévaloriser la valeur de l’art si tout devient comme un grand Spotify culturel?» -Patrick Leroux, cochercheur du projet
Une équipe de 12 chercheurs et assistants de recherches ont travaillé à répertorier les initiatives artistiques qui ont émergé durant le confinement entre le 13 mars et le 3 août.
Toutes les disciplines artistiques ont été passées au peigne fin: le théâtre, la musique, le cirque, l’humour, les arts visuels, les balados et bien plus encore.
Lorsqu’une initiative était trouvée, l’équipe inscrivait alors toutes les informations dans un registre interne: la date, l’événement, les artistes impliqués, la discipline, le médium utilisé et le lien vers l’événement.
Si 845 initiatives impliquant 3118 individus et 390 organismes ou collectifs ont été répertoriées jusqu’à présent, «ça continue, on en découvre tous les jours, mais aussi rétroactivement», souligne M. Leroux.
Traiter les données répertoriées
Si la collecte de données est maintenant presque terminée, ces informations ne seront pas oubliées dans un dossier d’ordinateur.
Elles seront «accessibles à tous les chercheurs du CRILQ» afin qu’ils puissent faire des recherches plus pointues selon leur domaine d’expertises.
«Ce qui va être intéressant pour la prochaine étape, c’est d’interpeller les chercheurs et de leur dire: « Voici nos données. Plongez, fouillez, dites-nous ce que vous y voyez selon votre perspective et votre spécialisation ».» – Patrick Leroux, cochercheur du projet
Dans un calendrier «très optimiste», le professeur d’études anglaises et d’études françaises souhaiterait qu’un livre regroupant les articles des chercheurs paraisse à l’automne 2021.
«Cet effort collectif de recherche m’emballe […] et risque d’être porteur», confie le professeur de Concordia au bout du fil.