Michel Houellebecq est de retour en librairie mercredi avec un recueil d’essais et prises de position diverses, Interventions 2020.
Euthanasie, Trump, Zemmour… Michel Houellebecq est de retour en librairie mercredi avec un recueil d’essais et prises de position diverses, Interventions 2020, dont il jure qu’il sera le dernier du genre.
Jean-Paul Sartre avait ses Situations (I, II, III, etc.). Michel Houellebecq a ses Interventions, sauf que lui n’en sortira pas dix tomes comme l’avait fait le philosophe.
Après Interventions (149 pages, paru en 1998), Interventions 2 (285 pages, paru en 2009) et cet Interventions 2020 qui en est la mise à jour (450 pages), «il n’y aura pas de quatrième édition», assure le romancier de 64 ans.
«Je ne promets pas absolument de cesser de penser, mais au moins de cesser de communiquer mes pensées et mes opinions au public, hors cas d’urgence morale grave – par exemple une légalisation de l’euthanasie (je ne pense pas qu’il s’en présente d’autres, dans le temps qui me reste à vivre)», écrit-il sur la quatrième de couverture.
Michel Houellebecq est un adversaire farouche de l’euthanasie, comme il l’explique dans le dernier texte de ce volume, «L’affaire Vincent Lambert n’aurait pas dû avoir lieu». Non pas par foi, puisqu’il est athée, mais «pour des raisons morales évidentes», explique-t-il: «notre devoir de prendre en charge ces malades, de leur assurer les meilleures conditions de vie possibles».
Evolution droitière
Inutile d’aller chercher une provocation jamais vue, ou une pépite qui manquait à son oeuvre: aucun texte n’est inédit.
Houellebecq reprend, à un moment où peu de monde le pense encore, un «Donald Trump est un bon président» paru dans Harper’s Magazine en janvier 2019. L’écrivain y dit son adhésion avec la diplomatie non conventionnelle du président américain, avec son attitude conciliante face au président russe Vladimir Poutine, et avec sa méfiance vis-à-vis du libre échange et de la construction européenne.
De même, il loue Eric Zemmour, aujourd’hui dans la tourmente après une énième diatribe à connotation raciste. Il voit dans le polémiste l’«avatar contemporain le plus intéressant» des «catholiques non chrétiens» admirant l’Eglise sans croire en Dieu. Cela dans une «conversation» de mai 2019 avec le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune.
Ces prises de position, les plus récentes, laissent sentir une évolution droitière d’après Les Inrockuptibles, magazine classé à gauche où Houellebecq était autrefois libre de poser sa plume.
«Au risque de sentir, encore, notre petit coeur se briser», remarque l’hebdomadaire culturel, «il y a dix ans, quand Michel Houellebecq intervenait, c’était dans Les Inrocks, pour parler avant tout de littérature et dénoncer le libéralisme».
Le tirage est modeste: 14 000 exemplaires, d’après le mensuel spécialisé Livres Hebdo, alors que Sérotonine, en janvier 2019, avait commencé par 320 000. Mercredi également, ce roman paraît en poche chez J’ai lu.
Pour faire écho à l’actualité littéraire, Houellebecq parle aussi de son confrère Emmanuel Carrère, vedette de cette rentrée littéraire, dans une contribution à un livre de 2018 sur l’auteur de D’autres vies que la mienne.
«Il est de toute façon impossible de retracer des faits, même lorsqu’on le fait en dehors de toute ambition littéraire, on est toujours obligé d’inventer, plus ou moins», écrit-il, deux ans avant les polémiques sur la part de fiction et de réel dans le roman Yoga.