Culture

Oscars 2021: Le sacre de «Nomadland»

Chloé Zhao, réalisatrice de «Nomadland»

Au bout de la route de la saison des prix, Nomadland a triomphé dimanche soir aux Oscars en remportant les plus prestigieux trophées, soit ceux du Meilleur film, de la Meilleur réalisation et de la Meilleure actrice, le tout au terme d’une soirée malheureusement très ennuyante.

Décidément, Nomadland rafle tout sur son passage. Ce magnifique film mettant en scène une sexagénaire qui repart sa vie à zéro en camionnette a auparavant remporté le Lion d’Or à la Mostra de Venise, le prix du public au TIFF et les grands honneurs aux Golden Globes et aux BAFTA.

C’est en poussant un hurlement de loup que l’actrice et productrice Frances McDormand a exprimé sa joie sur scène en fin de soirée. Juste avant, elle a invité le public à retourner voir les films en salles «sur le plus grand écran possible».

Moment historique : Chloé Zhao devient la deuxième femme et la première racisée à remporter l’Oscar de la Meilleure réalisation. Elle a livré un des plus beaux discours de la soirée, rempli d’espoir et d’humanité, à l’image de son film.

«Tout le monde nait bon […] Parfois, on pense le contraire, mais j’ai trouvé de la bonté chez tous les gens que j’ai rencontrés dans le monde.» -Chloé Zhao

Les films Mank, The Father, Judas and the Black Messiah, Sound of Metal, Soul et Ma Rainey’s Black Bottom ont chacun remporté deux trophées. Celui du Meilleur acteur a été décerné à Anthony Hopkins pour The Father.

Récompensé une cinquième fois pour son interprétation de Fred Hampton dans Judas and the Black Messiah, Daniel Kaluuya a livré des remerciements à la fois inspirants et drôlement mémorables.

En s’adressant au défunt leader du Black Panther Party qu’il incarne, il a dit : «Bro. Man. Nous sommes si choyés de vivre à une époque où tu as vécu. Merci pour ta lumière.» Puis, ne semblant pas tout à fait sobre, il a hurlé : «Ma mère et mon père ont eu une relation sexuelle!» sous les yeux ébahis de… sa mère.

La gagnante du côté des actrices de soutien, Yhu-Jung Youn, y est elle aussi allée de remerciements colorés. «M. Brad Pitt, enfin! Ravie de vous rencontrer!» s’est-elle exclamée lorsque l’acteur lui a remis son trophée.

Semblant aussi taquine que la grand-mère qu’elle incarne dans Minari, la comédienne d’origine coréenne a félicité ses consœurs nommées dans la même catégorie, toutes des gagnantes selon elle. «J’ai juste été un peu plus chanceuse que vous!»

Pour une rare fois, la diversité était à l’honneur parmi les films en nominations. Cela s’est traduit chez les lauréats. Mia Neal et Jamika Wilson sont notamment devenues les premières femmes noires à remporter un Oscar pour la coiffure et le maquillage du film Ma Rainey’s Black Bottom.

La soirée a été par ailleurs très inclusive. L’actrice malentendante Marlee Matlin a présenté en langage des signes les catégories de films documentaires. Et pour la première fois de l’histoire des Oscars, une rampe d’accès a été installée vers la scène pour les personnes à mobilité réduite.

Un gala très ennuyeux

Malgré la pandémie, les Oscars ont eu lieu en personne, en direct de la gare Union Station, à Los Angeles. Le maître d’œuvre Steven Soderbergh avait promis une cérémonie qui se déroulerait «comme un film».

Non seulement n’a-t-il pas tenu sa promesse, mais son supposé «film» (qui n’en avait rien d’un sauf pour son générique d’ouverture) était franchement monotone. Pas de monologue d’intro, pas de vidéo, pas de rythme, pas d’humour, pas de mordant… Ça fait beaucoup de choses que la 93e soirée des Oscars n’a pas été (et aurait pu être).

L’actrice et réalisatrice de One Night in Miami… Regina King a brièvement ouvert la cérémonie avec une prise de parole de circonstance avant de présenter les prix de scénarisation. «Si les choses s’étaient passées différemment à Minneapolis cette semaine, j’aurais troqué mes escarpins pour des bottes», a-t-elle déclaré, faisant référence au verdict de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd.

Plusieurs discours de remerciement ont aussi résonné avec l’actualité des derniers mois. Les violences policières, l’accès aux armes à feu et la haine sont quelques-uns des enjeux qui ont été abordés par les vainqueurs.

Sinon, les présentations statiques et beaucoup trop longues des différents prix étaient répétitives et manquaient cruellement d’originalité.

Heureusement que Questlove était aux commandes musicales de la soirée. Ses transitions sonores et son jeu-questionnaire – qui a fait danser Glenn Close, rare moment fort du gala – ont insufflé un peu de pep dans cette cérémonie de 3h30.

Les principaux lauréats de la 93e édition des Oscars:

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