Les Ballets Jazz Montréal (BJM) présentent jusqu’au 6 novembre Vanishing Mélodies, un spectacle – qui promet bien des surprises – inspiré par la musique de Patrick Watson.
«Nous sommes un peu comme les bulles d’une bouteille de champagne sur le point d’être débouchée!» s’amuse le danseur Andrew Mikhaiel, croisé une semaine avant la première représentation de Vanishing Mélodies. Après un an et demi sans contact avec les spectateurs, et une dizaine de mois de préparation pour les BJM, l’effervescence est en effet palpable sur scène comme en entrevue.
«C’est un moment très spécial pour moi, poursuit-il. J’ai grandi avec la musique de Patrick Watson et j’admire sa poésie, ses nuances. Le fait qu’il soit montréalais ajoute de la magie au spectacle. On sent une vraie connexion.» Andrew Mikhaiel se rappelle que l’auteur-compositeur-interprète était très impliqué dans le processus créatif de Vanishing Mélodies.
«Il a fait quelques apparitions pendant les répétitions, et il est tellement généreux et sincère. Il s’est rendu disponible si nous avions des questions. Nous l’avons senti aussi excité que nous par le spectacle», raconte fièrement le danseur.
Le pari Vanishing Mélodies
Alexandra Damiani, directrice artistique des BJM nommée au printemps dernier, se réjouit tant du soutien de Patrick Watson que de la liberté qu’il a laissée à son équipe. «Puisque sa musique est un personnage à part entière de Vanishing Mélodies, il n’hésitait pas à donner ses commentaires, sur la qualité du son notamment. Mais il laissait aussi beaucoup d’espace à la mise en scène et aux chorégraphies», indique-t-elle.
Danseuse pour la compagnie de 2002 à 2005, Alexandra Damiani se souvient de son premier contact avec la musique de Patrick Watson. «C’est à ce moment que je suis tombée en amour avec son univers», dit celle qui a tout de suite vu «un beau défi» avec Vanishing Mélodies. «La musique de Patrick Watson est exigeante, demandante, car elle appelle l’évocation, la fantaisie et peut très bien se passer de la danse.»
Selon elle, la danse permet toutefois d’observer la musique de Patrick Watson depuis une autre perspective. «Il s’agit de prendre des risques. Je remarque une véritable profondeur, une humilité dans notre spectacle.»
Vanishing Mélodies s’éloigne de ce que les BJM font d’habitude, avec une abstraction émotionnelle et un côté très théâtral. Nous explorons plusieurs facettes et cela nous rend vulnérables.
Andrew Mikhaiel, danseur
État de grâce
Au-delà des chorégraphies, le metteur en scène Eric Jean a également fait appel à une comédienne, Brigitte Saint-Aubin. «C’est intéressant de partager la scène avec un autre corps qui ne danse pas et d’interagir, constate Andrew Mikhaiel. Nous sommes là pour épauler son personnage et refléter son tourment intérieur, parfois frénétique, parfois calme. Chaque tableau est une interprétation de son état d’esprit», explique le danseur.
Pour ce faire, Andrew Mikhaiel et la quinzaine de danseurs des BJM qui fouleront les planches du Théâtre Maisonneuve pour Vanishing Mélodies ont travaillé avec les chorégraphes Anne Plamondon et Juliano Nunes. «Le processus créatif de ce dernier était très énergique. Tout est allé très vite, c’était un challenge.»
Puis, avec Anne Plamondon, les choses n’étaient plus tellement les mêmes, essentiellement axées sur le corps et la technique. «C’est génial d’avoir ces deux styles et langages du mouvement dans un même spectacle. Avec Eric Jean en plus à la mise en scène, tout est si complémentaire», conclut l’artiste.
Y aura-t-il une collaboration en public entre les BJM et Patrick Watson? «La graine a été plantée», souffle enfin Alexandra Damiani, presque à demi-mot. «Car le plus important dans la création, ce sont les rencontres», convient-elle.