De manière à la fois intime, politique et judiciaire, la pièce Clandestines, présentée à la salle Michelle-Rossignol du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 11 février, s’imagine dans une dystopie imminente ce que pourrait être un Canada où les politiques sur l’avortement auraient régressé et où l’interruption volontaire de grossesse serait pratiquée de manière clandestine, au risque de celles qui ont le courage de transgresser les lois.
Alors que le 24 juin dernier, la Cour suprême des États-Unis invalidait l’arrêt Roe v. Wade qui décriminalisait l’avortement, le récit campé en 2025 et imaginé par les femmes de théâtre Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent s’avère tristement d’actualité – même plausible, malheureusement – et donc fort pertinent.
À travers l’histoire, on comprend comment de tels renversements pourraient s’opérer jusque dans notre société.
Fort, mais pas sans faiblesses
Dans Clandestines, des groupes anti-choix s’affichent de manière décomplexée, intervenant même dans la sphère politique, en tentant d’endoctriner toute jeune femme tombant enceinte, désireuse on non de poursuivre sa grossesse.
Leurs propos sont choquants, souvent tournés en ridicule. À cet égard, la pièce se présente comme une féroce critique de certaines politiques et des pratiques bureaucratiques associées, de l’hypocrisie et de l’égocentrisme des hommes en position de pouvoir ainsi que des stratégies de manipulation desdits groupes. À l’opposé, la pièce offre un hommage senti à la résistance.
Malgré un récit fort, des interprétations inégales, des dialogues appuyés, des ruptures de ton malhabiles et des longueurs (la pièce dure près de trois heures incluant un entracte de 20 minutes) viennent altérer la qualité de l’expérience. Sans toutefois empêcher la pièce de rejoindre sa cible.