Ça y est! Après deux ans d’attente, l’humoriste Maude Landry présente officiellement son premier spectacle solo, L’involution. Métro l’a rencontrée dans un café de Centre-Sud, deux jours après sa première médiatique au Gesù.
Se considérant comme «très chanceuse et bien entourée», Maude Landry soutient qu’elle a beaucoup appris de la période qu’elle a passée à faire de l’humour dans les bars (et «à se casser la gueule»), épaulée par ses «frères» humoristes, face à un public pas toujours réceptif…
«J’ai trouvé des nerds avec qui geeker sur l’humour. J’ai trouvé ma famille. J’avais des amis qui me bookaient à des shows. J’ai à peine eu à demander qu’on me laisse parler sur scène.»
Un public interactif
Lors de la première au Gesù, la semaine dernière, Maude Landry a été régulièrement interpellée par des membres du public.
«Il y a des gens qui me parlaient pendant ma première. Qui s’adressaient à moi! Ça m’arrive tout le temps! J’essaie de leur laisser leur moment», explique-t-elle.
Même si sa connexion avec son public n’est plus à prouver, l’humoriste constate qu’elle doit encore convaincre certain.e.s spectateur.trice.s. qu’une femme peut être drôle.
«On me le dit après le show: “D’habitude, j’aime pas les filles, mais toi, tu m’as fait rire.” Et on est beaucoup de filles à se faire dire ça, alors on doit être beaucoup à être pas pire bonnes.»
Maude Landry est effectivement «pas pire bonne» quand elle aborde dans L’involution des thèmes comme le monde animal, la santé mentale et le célibat, sujet qu’elle conservera même si elle finit par se mettre en couple, assure-t-elle en donnant l’exemple d’une chanson sur une rupture qui continue d’être jouée même si son interprète n’est plus en peine d’amour.
Pour ce qui est des animaux, l’humoriste avoue qu’elle préfère parfois leur présence à celle des humains.
«C’est pas que j’aime pas les humains, mais les animaux se posent pas la question si c’est correct ce qu’ils font, dit-elle. Je ne me fais pas juger par un animal.»
L’humoriste cherche à appliquer cette philosophie sur scène, pour ne pas être «emprisonnée par le regard des autres».
Santé mentale et trentaine
Au cours de la pandémie, Maude Landry a reçu un diagnostic de trouble de la personnalité limite (borderline), chose qu’elle aborde ouvertement sur scène.
«Je trouve que la blague, c’est la seule façon de dédramatiser des situations, soutient-elle. C’est l’antagoniste du pleur, le rire, mais ce sont les mêmes muscles qui travaillent».
Si son diagnostic pendant la pandémie a été un événement difficile, la femme de 31 ans y voit également un côté positif.
«Je n’avais pas de spectacles et on m’attendait nulle part. Ça m’a obligée à renouer avec moi-même. J’étais beaucoup mon ennemi, avant.»
Dans son one-woman-show, Maude Landry se désole d’avoir atteint la trentaine, ce qui est plutôt ironique, voire un peu effronté, lorsqu’on observe les quelques têtes blanches présentes à sa première.
«Il n’y a pas une journée où je n’ai pas la pensée qu’un moment donné je vais mourir», évoque Maude Landry, se rappelant cependant qu’il faut profiter de la vie, puisqu’elle passe «tellement vite».
«Avant, il fallait que je me blesse pour avoir mal. Là, parfois, j’ai juste mal, il n’y a pas de blessure. C’est rouillé. Dans le fond, on passe la majorité de notre vie à décrépir», constate-t-elle.
Meilleur entracte ever
L’un des meilleurs moments du spectacle L’involution, mis en scène par Guillaume Lambert, c’est l’entracte. Dit de même, ça sonne un peu bizarre, mais rassurez-vous: il n’y a pas vraiment d’entracte. À la place, Maude Landry propose un intermède musical, un changement de ton bienvenu inspiré de François Pérusse.
Tant qu’à faire une toune, il faut qu’elle soit tellement drôle que ça aurait pas pu être un numéro. Si je suis capable de rendre la même idée drôle en stand-up, fuck la guitare! Mais là, il y avait des rimes, il y avait une musicalité, il y avait quelque chose de con. Je trouve ça le fun quand c’est con, mais fallait y penser.
Maude Landry
L’idée est de surprendre le public, explique l’humoriste, ce qui lui met une certaine pression.
«Moi-même, j’essaie de me surprendre. J’essaie d’aller où on ne m’attend pas, mais on nous attend partout, les humoristes.»
Un défi, oui, mais que Maude Landry relève haut la main.