Écrivez sur ce que vous connaissez, dit-on. Pour son premier roman, Le plein d’ordinaire, c’est précisément ce qu’a fait le jeune auteur Étienne Tremblay. Ce qu’il connaît? Travailler de nuit dans une station-service, fumer cigarettes et joints à la chaîne, fantasmer sur une collègue, rêver d’être poète, être bête avec sa mère et repenser à son ex.
Pour ce premier livre, l’auteur s’est replongé dans ses souvenirs de la fin de son adolescence, à Boucherville. Il raconte l’été entre la 5e secondaire et l’entrée au cégep de Mathieu, un habitué des stations-service de la Rive-Sud qui accepte un poste de caissier de nuit dans l’espoir de se rapprocher d’une collègue qui lui est tombée dans l’œil.
L’auteur utilise un langage commun tout en déployant une plume ultra-précise et détaillée, propulsant aisément les lecteur.trice.s dans le quotidien et l’état d’esprit de son protagoniste.
On baigne dans la mentalité obsessive, aliénée, égocentrique, prétentieuse et ignorante liée à cet âge parfois ingrat, du moins dans son cas. Cette immersion est faite avec beaucoup d’adresse et d’humour.
Les références à l’époque au cours de laquelle se déroule l’histoire, c’est-à-dire au tournant des années 2010, sont nombreuses. Elles feront sourire quiconque a vécu une réalité similaire et, comme celle-ci n’a rien d’exceptionnel, plusieurs pourront s’y retrouver. Sous la plume de l’auteur, le très niché devient universel.
Le plein d’ordinaire est un roman qui se dévore facilement, même s’il raconte ce qu’il y a, justement, de plus ordinaire.
Publié chez Les herbes rouges
En librairie le 28 mars 2023