André Téchiné dépose ses pénates dans la cité des doges et interroge l’amour et les relations de couple dans Impardonnables. Entretien.
Comme Woody Allen, qui a pris des années avant de quitter New York, André Téchiné a enfin décidé de poser l’action de l’un de ses films non pas en France, comme c’est son habitude, mais en Italie. Plus précisément à Venise. «Ce qui m’a frappé comme cinéaste, c’est que, chaque fois que je viens à Venise, ce que je vois ce sont les appareils photo, des gens qui filment, raconte le réalisateur au cours d’un entretien téléphonique. C’est sûrement l’espace qui a été le plus enregistré par la caméra, le plus mis en images. J’avais envie de donner de la fraîcheur à ce lieu-là. La Venise très intime que je montre dans le film, ce n’est pas du tout une Venise morbide, mais plutôt une espèce de Venise invincible.»
Cet endroit devient clairement un être à part entière dans cette adaptation d’un roman de Philippe Dijan où un écrivain en panne d’inspiration (André Dussollier) décide de faire suivre sa nouvelle épouse (Carole Bouquet). «Le sujet principal res-te cette interrogation sur l’amour, éclaire le metteur en scène, qui est conscient qu’une multitude de personnages gravite autour de son héros. L’écrivain rencontre une femme, il a 60 ans, il a un fantasme amoureux à son sujet et c’est seulement à la fin
qu’il constate qu’il a besoin d’elle et qu’il l’aime dans la réalité, et pas seulement dans le fantasme de la fiction.»
Moins engagé socialement que Les témoins et La fille du RER, Impardonnables n’a pas été épargné par la critique lors de sa sortie en France. «Je n’ai pas lu les critiques, déclare le principal intéressé, qui a déjà écrit pour les Cahiers du cinéma. L’attachée de presse m’a dit que l’accueil a été très divisé. C’est vrai qu’au moment où sortait le film, j’étais sur un autre projet. Je n’ai pas regardé; peut-être aussi que je voulais me protéger de ça… Mais j’ai toujours tendance à penser que c’est celui qui aime le plus qui a raison!»
André Téchiné
Rien contre la commande
Les roseaux sauvages, Les égarés, Impardonnables… Contrairement à plusieurs de ses homologues, le cinéaste André Téchiné n’a rien contre les commandes. «J’ai beaucoup de désir pour les commandes, avoue-t-il de sa voix douce. Parce que ça prouve que le producteur a autant envie de faire le film que le metteur en scène. Vous savez, c’est comme un enfant. Le film devient le produit d’un couple et d’un amour commun du cinéma.»
Impardonnables
En salle dès vendredi