L’auteur québécois Jean-François Beauchemin, qui lançait récemment son roman Le hasard et la volonté, est aujourd’hui rédacteur en chef invité de Métro.
Je ne tiens pas tellement à commenter ces actes de vandalisme. D’autres que moi le feront, sans doute avec davantage de talent et de perspicacité. Je veux seulement dire que la formidable mobilisation de jeunes gens à laquelle nous assistons depuis deux mois me réjouit au plus haut point. Je ne suis pas sûr que l’objectif visé par cette mobilisation soit le bon. C’est la marche du monde elle-même qu’il faut changer. Cela, il me semble, commence par une adhésion générale.
Montréal est-elle belle? Je ne suis pas sûr en tout cas de trouver de la beauté dans son architecture, par exemple, ou dans ses espaces verts, ni même dans ses innombrables ruelles qui pourtant ne manquent pas de charme. S’il existe une beauté propre à cette ville, c’est peut-être dans l’espèce de songe qu’elle évoque dans les esprits. On pressent bien que Montréal a tout pour être belle : un fleuve, une montagne, une histoire, etc. Mais tout se passe comme si la ville tardait à accoucher de son propre rêve, ou à trouver son âme. New York a la sienne : c’est Central Park, c’est sa vie qui bat jour et nuit, c’est son encombrement, c’est sa démesure. Paris, Londres, Singapour ou Barcelone ont la leur. Celle de Montréal existe aussi, mais il nous reste à lui donner une forme.
Nous ne sommes pas des bêtes. Enfin, nous le sommes de moins en moins. Efforçons-nous encore un peu de dépasser l’indéniable appartenance à l’espèce animale dans laquelle la nature nous a confinés au départ, il a quelque deux millions d’années. Éloignons-nous de cela. Allons vers l’Homme. Poussons un peu plus loin l’obligation de fraternité devant laquelle nous sommes placés : comportons-nous en êtres humains. Et essayons encore de comprendre.
Ce qui m’a toujours séduit dans les films de James Bond, c’est l’extraordinaire invulnérabilité du héros. Moi qui vous parle, je n’ai jamais cru ni en Dieu, ni en quelque forme que ce soit de vie après la mort. La réincarnation? Le tunnel, la lumière tout au bout, les êtres chers qu’on retrouve dans l’au-delà? Allons, allons, soyons sérieux. À la fin tout meurt, c’est ainsi. Et pourtant cette invulnérabilité de l’agent 007 fait encore aujourd’hui vagabonder mon imagination. Oserai-je le dire? Elle est mon plus ancien rêve d’immortalité.
Moi, parler de sport? Hum. J’aime autant le dire tout de suite : jusqu’à tout récemment, je croyais que Ken Dryden était toujours devant le filet du Canadien de Montréal. On l’aura compris : je ne suis pas un spécialiste. Cela dit, j’espère vraiment que, comme le veut la rumeur, Patrice Roy quittera Radio-Canada et qu’il acceptera de venir «coacher» le tricolore. Une équipe bien formée, oui; mais une équipe bien informée, c’est encore mieux. Oh, et puis : à quand le prochain tournoi de badminton pour Tiger Woods? Ses récent déboires m’ont bien attristé. J’imagine que sa soeur Aretha Franklin l’a bien consolé. Au fait, John McEnroe a-t-il remporté la finale de pétanque cette année?
L’écrivain a aussi écrit un texte intitulé Douceur du monde