Pour la 10e fois, le Théâtre du Rideau Vert propose sa vision des 12 mois qui viennent de s’écouler: la première médiatique de 2014 revue et corrigée se tiendra lundi. Alain Zouvi, qui est à la barre du traditionnel spectacle humoristique pour la seconde fois, a discuté avec Métro.
Comment définiriez-vous l’année qui vient de passer?
C’est l’année où on a eu la preuve qu’on s’est fait prendre pour des valises. L’année où ce n’est pas qu’une rumeur, qu’une pensée négative. C’est l’année où on a été tatas au plus haut point. Je ne prends pas pour un parti plus que pour un autre, mais réélire du monde qui nous ont fou**és à ce point, et à une vitesse aussi grande, sans réfléchir, je ne comprends pas ça. Je nous traite donc collectivement de tatas. Il faut être capables de rire de nous autres, et de se dire que la prochaine fois, on fera plus attention.
Une revue de fin d’année, c’est un travail de longue haleine; quand avez-vous commencé à y travailler?
On a commencé à s’y mettre autour du mois d’août, les premiers textes, les premières idées, les premiers remue-méninges autour de l’actualité. Et cet automne, on a travaillé des textes qui sont corrigés, réécrits, éliminés, puis répétés; tous les autres départements se sont joints à nous – les costumes, la musique; puis, ces dernières semaines, ç’a été la technique – son, vidéo, éclairage. On a tout mis ça ensemble, et là on est fin prêts!
Vous êtes prêts, mais c’est bien connu que le spectacle n’est jamais coulé dans le béton…
Exactement, parce qu’avec l’actualité on ne sait jamais ce qui peut arriver – non seulement avant la fin des représentations, mais d’ici la première! Donc, on est toujours prêts à tout, à des corrections, des ajouts. Ça dépend de ce qui arrive dans notre monde!
Qu’avez-vous appris de votre expérience de l’an dernier?
Je n’angoisse plus sur le mode de fonctionnement, je suis moins surpris par la vitesse à laquelle ça bouge. Je suis en terrain connu, et les choses se placent rapidement. J’ai confiance. C’est sûr que quand il y a des commandes à faire pour des accessoires, des costumes, ils attendent à la dernière minute pour donner le go parce qu’on ne sait pas si le numéro va être coupé. Tout le monde a pris le pli et est habitué à cette manière de fonctionner. Il faut que notre ego soit prêt à en prendre un coup: quand on est acteur ou actrice, c’est difficile de voir son numéro coupé à deux jours d’avis… Mais il ne faut pas le prendre personnellement, c’est pour le bien du rythme du spectacle.
«C’est une gang que j’adore, des comédiens-chanteurs-danseurs-imitateurs fantastiques. Certains sont là depuis 10 ans, d’autres sont arrivés un peu plus récemment, mais ils connaissent ça!» – Alain Zouvi à propos des comédiens Suzanne Champagne, Martin Héroux, Benoît Paquette, France Parent, Julie Ringuette et Marc St-Martin, qui interprètent quelque 75 personnages à eux 6.
Un événement incontournable duquel il fallait absolument traiter?
On ne peut pas passer à côté d’une personnalité comme Pauline Marois [Suzanne Champagne], très attendue. On mettra à l’honneur une partie de notre ancien gouvernement et de l’actuel. On va se promener aussi dans les quiz, les variétés, et je pense qu’on aura même le père Noël qui viendra faire un tour.
Y a-t-il des événements pour lesquels ç’a été difficile de trouver un angle?
Il y a des événements dramatiques, tragiques desquels on ne peut évidemment pas traiter. Il y en a certains qui sont dramatiques, mais dont on peut traiter. Par exemple, quelqu’un qui se pète la gueule en vélo et qui se blesse, comme Pierre Karl Péladeau, ce n’est pas drôle en soi, mais il y a une façon peut-être de l’amener pour que ça soit amusant et que ça ne blesse pas la personne. On essaie de respecter les gens. Mais il y a d’autres personnes, d’autres événements sur lesquels on s’en donne à cœur joie, parce qu’on sent qu’ils nous prennent pour des valises, alors on se permet de «varger dessus». Je ne nommerai pas de noms… Mais vous allez voir!
Bonne année! 2014 en rafale
La personnalité québécoise de l’année?
Il y en a trop pour en nommer une! Mais dans la revue, Denis Coderre est évidemment très présent, parce que lui-même se présente beaucoup dans les médias. On ne peut pas passer à côté. Même s’il était déjà là l’an dernier, il se présente dans les médias aussitôt qu’il le peut, alors on le fait aussi.
De quoi a-t-on trop parlé?
De la commission Charbonneau. C’est trop, passons à autre chose.
De quoi n’a-t-on pas assez parlé?
Les coupes à Radio-Canada – on commence à en parler maintenant, mais ça fait des années que ça dure. Le costumier a débloqué des choses, et on a réussi à en intégrer des bouts. Il y a des phrases qui se sont intercalées à travers nos sketchs pour ne pas passer à côté de ça, c’est essentiel. Si j’avais à faire un spectacle qui n’était pas une revue comique, je parlerais d’ailleurs beaucoup de culture.
2014 revue et corrigée
Au Théâtre du Rideau vert
Jusqu’au 4 janvier