Étoiles ***
Lancé hors compétition à Cannes le 12 mai, le quatrième film réalisé par Jodie Foster pointe du doigt la finance spéculative et la mainmise de quelques dirigeants sur l’économie. La nouveauté du discours réside dans la manipulation de l’opinion publique par le biais de médias mis en scène avec un certain aplomb.
Avec un scénario bien ficelé, une réalisation simple et efficace, Julia Roberts et George Clooney, «Money Monster» a tout ce qu’il faut pour trouver son public.
Le déclencheur de la prise d’otage, toujours efficace, vient blinder l’action qui sans être trop exacerbée fonctionne bien. Le scénario comporte quelques rebondissements intéressants qui font de cette projection un bon divertissement.
Les critiques sont plutôt positives et le long-métrage hollywoodien a pu bénéficier de la machine publicitaire cannoise avec en prime une ovation et la première montée des marches du Palais des Festivals de Julia Roberts, tout sourire et pieds nus.
«Money Monster»
Le film porte le nom de l’émission new-yorkaise diffusée sur la chaine FNN. À la barre de la quotidienne, Lee Gates (George Clooney), un animateur à l’égo surdimensionné qui confère des conseils boursiers.
Mais voilà que le «reporteur» entame son émission avec la chute d’Ibis Clear Capital qui vient de voir disparaître pas moins de 800 M$ de son capital. Son dirigeant Walt Camby (Dominic West) mystérieusement envolé, la compagnie confie l’entrevue à la directrice des communications Diane Lester (Caitriona Balfe).
La réalisatrice de l’émission en direct Patty Fenn (Julia Roberts) devra user de stratégie une fois l’entrevue en duplex commencée pour ne pas voir exploser son animateur.
Ce dernier vient d’être pris en otage par Kyle Budwell (Jack O’Connell) qui a fait irruption sur le plateau. Le livreur armé n’a qu’un seul but: découvrir ce qui se cache derrière cette déconfiture boursière.
Critique
La morale du scénario n’a rien de nouveau. Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Ainsi va la vie dans le fabuleux monde de Wall Street dépeint mille et une fois dans les longs-métrages américains et de par le monde. «Money Monster» apporte toutefois quelques éléments nouveaux intéressants, notamment la vraie nature de la raison qui a causé cette chute boursière.
Kyle Budwell incarne cette histoire déjà entendue dans l’actualité d’un homme qui a vu filer l’entièreté de ses économies. Le désarroi d’avoir tout perdu et le désespoir de ne jamais retrouver son argent sont palpables et confèrent une certaine empathie au personnage, même si on ne conseille à personne de suivre ses traces.
Médias
La véritable critique qui se cache derrière «Money Monster» est évidemment toute la manipulation médiatique que peuvent produire ces grandes sociétés qui diffusent des messages pour détourner l’opinion publique.
On peut aussi faire une réflexion sur tous ces directeurs de communication des grandes entreprises, organisations et autres qui sont là pour vendre les idéaux de leurs clients et les mettre dans la bouche des journalistes.
C’est le cas ici pour Diane Lester qui répète en première partie de film les mêmes phrases creuses d’un «bogue informatique». Celles-ci sont par la suite répétées par l’animateur qui donnerait à la belle brune le Bon Dieu sans confession.
Quatrième pouvoir
Même s’il s’agit là d’une réalité tirée à gros traits, il est bien de se questionner sur la recherche de vérité que les médias doivent opérer.
Le quatrième pouvoir a une influence énorme et ne devrait pas agir comme simple courroie de transmission des messages des entreprises par voie de communiqués de presse.
Il a le devoir de prendre le temps de s’assurer que les choses sont telles qu’elles semblent l’être. Mais le temps, c’est ce qui manque le plus pour bien faire les choses. Cette vitesse d’exécution ne profite pas seulement au marché, mais aussi à ceux qui ont des choses à cacher.