Un tatouage pour ne pas oublier, une quête en guise de phare et un folk résolument contemporain pour équilibrer le tout : la superbe Claire Denamur vient nous capturer au lasso avec ses chansons à la fois tristes, belles et fières.
Il est de ces artistes avec lesquels on aurait envie de causer pendant des heures. La jeune Française Claire Denamur, qui a stupéfait plusieurs observateurs à l’automne 2011, dont votre serviteur, à la publication de son second album, Vagabonde, en fait assurément partie.
En plus de son indéniable don de mélodiste, de ses textes sombres mais réfléchis et de sa voix qui écorche l’âme, celle qui a enregistré Vagabonde dans notre Mile End se révèle généreuse et allumée, ponctuant son discours d’envolées musicales, comme si elle vivait une rédemption faite de quête quotidienne. Quête qui se décline en philosophie de vie : la même que celle des grands voyageurs pour qui la route est toujours beaucoup plus importante que la destination.
On parle musique américaine, grands espaces, Southern Comfort, whisky, plaines, écorchés vifs, dont Lhasa qu’a bien connue le très doué réalisateur de son second album, Jean Massicotte, et des habits noirs qu’elle arbore sur la pochette de son second opus. Ce qui n’est pas sans évoquer le souvenir du grand Johnny Cash, alias The Man In Black. La discussion devient passionnée.
«Je porte Johnny Cash très fort dans mon cœur. C’est quelqu’un qui a repris et popularisé dans le monde entier la chanson Hurt, de Trent Reznor (Nine Inch Nails). Cette chanson, dont le titre est d’ailleurs tatoué sur mon corps, ainsi que Wish You Where Here, de Pink Floyd, sont les deux pièces qui résument le mieux mon expérience de la vie jusqu’à présent. En plus de ça, comme je suis un p’tit mec au quotidien, j’ai poussé le délire à l’extrême en me gominant les cheveux», confie Claire Denamur.
Elle qui a connu une période très sombre où, sans trop savoir pourquoi, elle faisait du mal aux gens de son entourage, comme dans la chanson magnifiée par Cash. Pièce qu’elle pourrait d’ailleurs intégrer à son spectacle des FrancoFolies, acquiesce-t-elle devant l’insistance de votre serviteur. N’a-t-elle pas déjà repris Big Mama Thornton, Bashung ou Cold War Kids sur scène, du haut de ses vertigineux talons aiguilles?
Casser la voix
Elle ne craint pas de se frotter aux choses sérieuses, cette artiste dont la texture vocale rappelle davantage les grandes chanteuses américaines que les trop répandus filets de voix des cousines de l’Hexagone.
«Je n’ai pas consciemment développé ma voix, mais les premières choses que j’ai écoutées, lorsque j’avais 8 ou 9 ans, c’était Smoke on the Water, de Deep Purple, les albums de Led Zeppelin et de Janis Joplin… énumère Claire Denamur. Je me souviens d’avoir regardé le film Woodstock pour découvrir Freedom, de Richie Havens. Un morceau que je chante encore à tue-tête à la maison, parce que ça écorche. On sent que ça faisait mal de chanter à cette époque. Moi, je suis ainsi faite : faut que ça fasse mal, sinon je ne chante plus.»
Voilà un plaisir paradoxal qui risque de nous procurer, à nous aussi, de très agréables frissons.
Claire Denamur
Sur la scène Desjardins
Mardi à 22 h
Au Club Soda
Mercredi à 19 h
