Stefie Shock et 12 artistes féminines ont rendu hommage, lundi, aux chansons de l’homme à femmes par excellence, Serge Gainsbourg, avec le spectacle inspiré de 12 belles dans la peau.
La voix feutrée, dans un style plus parlé que chanté, la propension à jouer sur les mots, même les traits : les similitudes entre Stefie Shock et Serge Gainsbourg ont été bien souvent notées. «On va crever l’abcès tout de suite : 25 ans depuis la disparition de Gainsbourg, 16 ans de comparaisons avec moi», a souligné le principal intéressé en début de spectacle. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’exploiter la comparaison? Shock a précisé qu’il n’avait jamais vraiment été question qu’il chante Gainsbourg avant d’apprendre, il y a deux ans, a-t-il poursuivi à la blague, qu’il était «son fils illégitime». «Si Jacques Brel a un fils illégitime à Montréal, pourquoi pas Gainsbourg?»
Ainsi, après avoir lancé il y a quelques mois l’album 12 belles dans la peau, Stefie Shock en a fait un concert, monté exprès pour les FrancoFolies. «C’est la première et dernière fois que vous le voyez!» a annoncé d’entrée de jeu le chanteur, chapeau noir sur la tête, vêtu d’un veston noir et d’une chemise blanche – code de couleur auquel la plupart de ses invitées se sont aussi conformées.
On le sait, les Jane Birkin, Brigitte Bardot, France Gall, Catherine Deneuve et autres chanteuses ou comédiennes ont fait partie intégrante de l’œuvre de l’homme à la tête de chou, et Stefie Shock a fait la part belle à ses propres «12 belles et charmantes dames» pour cet hommage. En plus des pièces qu’elles interprétaient sur le disque, Stefie et les filles ont offert de nouveaux duos à la foule réunie sur la place des Festivals.
Un peu nerveux en début de soirée («Je vois déjà les critiques dire : «Stefie Shock a fait une belle job, mais il avait toujours le nez dans ses feuilles!» a-t-il lui-même ironisé), le chanteur, plus posé qu’à l’habitude, est demeuré un excellent showman, nous expliquant ses choix (Requiem pour un con, qui n’était pas sur le disque, était la première pièce de Gainsbourg qu’il ait enregistrée, alors que L’anamour était la première qu’il ait apprise), et nous disant qu’à son avis, la meilleure période était celle où Serge avait Jane Birkin («ah! Jane…») dans sa vie… Pour Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve, chantée avec Fanny Bloom et accompagnée d’une simple guitare, Shock a aussi admis avoir «piqué la version d’Ariane Moffatt, je trouvais qu’elle était meilleure que l’originale».
Quelques nouvelles femmes ont fait leur apparition parmi les belles de Stefie, dont Justine Laberge, «la douce moitié d’Alfa Rococo» pour Laisse tomber les filles et une chouette Tandem, en trio avec le chanteur et Fanny Bloom; sa «nouvelle amie», l’actrice Caroline Dhavernas, pour une étonnamment solide Harley Davidson, ainsi que Valérie Carpentier, qui a rappelé par ses prestations pourquoi elle avait été nommée «La Voix» du Québec. On a aussi pu entendre les comédiennes des Appendices, Anne-Elisabeth Bossé (qui avait la difficile tâche de remplacer Klô Pelgag sur Comme un boomerang) et Sonia Cordeau, avec qui il a offert Bonnie & Clyde, qui débutait par les fatals tirs qui ont abattu le couple de criminels. «Là, ce qu’on va faire, c’est une mise en scène, c’est du théâtre, a prévenu le chanteur. Il s’est passé des affaires tragiques avant-hier, a-t-il ajouté, ému, en évoquant la tuerie d’Orlando. Mais on s’est dit qu’on n’allait pas laisser les terroristes nous dire quoi faire. The show must go on, et il va go on-er, mais on a quand même une pensée pour les victimes.»
Parmi les meilleurs moments du spectacle, citons la très jolie «chanson de recueillement» Baby Alone in Babylone, portée par Stéphanie Lapointe; la formidable version d’une Sophie Beaudet très en voix de Dépression au-dessus du jardin; et la Je suis venu te dire que je m’en vais magnifiquement interprétée par Gaële.
Chose certaine, Stefie Shock a su aussi bien s’entourer que le «papa illégitime» à qui il a rendu cet hommage senti.
Fanny Bloom et Stefie Shock
Diverses «belles» ont défilé sur la scène Bell, lundi soir:
- Stéphanie Lapointe. Elisa et Baby Alone in Babylone
- Pascale Bussières. Requiem pour un con et L’hôtel particulier
- Fanny Bloom. L’anamour et Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve
- Justine Laberge. Laisse tomber les filles et Tandem
- Gaële. La Javanaise, Tandem et Je suis venu te dire que je m’en vais
- Suzie McLelove. Ford Mustang
- Laurence Nerbonne. Initials BB et Comment te dire adieu
- Anne-Elisabeth Bossé. Comme un boomerang
- Valérie Carpentier. Quoi et Poupée de cire poupée de son
- Sophie Beaudet. Dépression au-dessus du jardin
- Sonia Cordeau. Bonnie and Clyde
- Caroline Dhavernas. Harley Davidson