Direct de house, crochet d’électro, uppercut de hip-hop et mots qui claquent dans la trap, Bagarre en jette. Laissez-vous sonner par la jeune formation française qui fait mouche.
C’est quoi, Bagarre? Dans quel contexte votre formation est-elle née?
La Bête: À la base, nous étions des amis, et ensuite, nous voulions tout bêtement faire la musique que nous avions envie d’entendre, c’est-à-dire celle que nous écoutons sur l’internet. Des trucs assez récents qui viennent du monde entier. Ça peut être de la trap, des rythmes jamaïcains, de la musique arabe, de la techno ou de la house…
Vous avez signé un contrat de disques avec le super label Entreprise. Ce sont les gens de cette boîte novatrice qui vous ont découverts?
La Bête: Nous avons d’abord rencontré Grand Blanc et Black Digital Citizen, deux formations qui sont sous contrat avec Entreprise. Ce sont eux qui nous ont présentés aux dirigeants du label.
Vous allez assurer la première partie du groupe La Femme. Est-ce que ce sont des amis, eux aussi?
La Bête: À Paris, nous nous connaissons tous un petit peu, mais nous ne sommes pas forcément tous amis.
Est-ce votre premier séjour au Québec? Quelles sont vos attentes?
La Bête: Je suis déjà venu à Montréal en vacances, mais en tant que membre d’un groupe, ça sera la première fois. Pour le moment, ça me semble très virtuel. C’est très intéressant, ce qui se fait à Montréal en musique, notamment en raison du mélange de l’anglais et du français. C’est aussi un endroit qui est évidemment plus proche des États-Unis que nous le sommes. Du coup, votre rapport à la musique électronique est un peu en avance sur ce qui se fait en France. À part des mecs qui font des trucs très pointus, nous, dans le créneau populaire, nous nous sentons un peu seuls en France. J’ai donc très hâte de voir comment notre musique sera reçue chez vous et aussi de rencontrer des groupes que nous aimons.
Lesquels?
La Bête: Les Anticipateurs (formation gansta rap), par exemple. J’aime beaucoup.
«Ce garçon-là aime les claques / Son cœur battant s’en bat les couilles / Rouge est son corps criblé de douilles / Les coups éclatent son cœur qui mouille» –Bagarre, dans la chanson Claque-le
Lorsque nous avons interviewé Michel Nassif, un des fondateurs de votre étiquette de disques, en janvier dernier, il disait vouloir réhabiliter le français, longtemps perçu comme quelque chose de ringard, dans la musique populaire. Vous avez hésité à chanter dans cette langue?
Emmaïdee: Non, nous n’avons pas hésité. De toute façon, il y a plein de groupes qui se sont remis à chanter en français, notamment depuis La Femme qui a remis ça au goût du jour. Nous, nous cherchons à aller au-delà en utilisant notre langue, comme nous utilisons parfois l’anglais. Nous ne restons pas dans le schéma classique de la langue française. Nous cherchons à créer des jeux de langue et de sonorités. Pour ce faire, nous nous penchons beaucoup sur les textes.
Pourquoi avez-vous choisi ce nom de groupe, Bagarre?
La Bête : Le mot se suffit à lui-même. Une bagarre, c’est une bagarre, quoi. Ça laisse la place à plein de définitions, ça permet d’imaginer toutes sortes de choses.
Pour finir, pourquoi souhaitez-vous «Mourir au club», comme le suggère le titre d’une de vos pièces?
La Bête: Le club, pour nous, c’est un endroit imaginaire. C’est un peu notre pays des merveilles. Nous avons créé ce que nous voulions, et ça nous permet de nous redéfinir, de libérer nos personnalités, notre musique et notre manière de nous exprimer.
Bagarre
Sur la scène Loto-Québec demain à 22 h
À L’Astral samedi à 19 h 30
En première partie de La Femme